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Par Granna le 6 Juin 2008 à 16:33
Vous connaissez surement au moins un tableau de Velazquez.
Voici quelques infos :
Diego Rodríguez de Silva y Velázquez (Séville, baptisé le 6 juin 1599 Madrid, mort le 6 août 1660), dit Diego Vélasquez en français, est un peintre du siècle d'or espagnol ayant eu une influence considérable à la cour du roi Philippe IV. Il est généralement considéré, avec Francisco Goya et Le Greco, comme lun des plus grands artistes de lhistoire espagnole. Son style, tout en restant très personnel, sinscrit résolument dans le courant baroque de cette période. Ses deux visites effectuées en Italie, attestées par les documents de lépoque, eurent un effet décisif sur lévolution de son uvre. Outre de nombreuses peintures à valeur historique ou culturelle, Diego Vélasquez est lauteur dune profusion de portraits représentant la famille royale espagnole, dautres grands personnages européens ou même des gens du commun. Son talent artistique, de lavis général, a atteint son sommet en 1656 avec la réalisation de Les Ménines, son principal chef-duvre.
À partir du premier quart du XIXe siècle, le style de Vélasquez fut pris pour modèle par les peintres réalistes et impressionnistes, en particulier Édouard Manet. Depuis, des artistes plus contemporains comme Pablo Picasso et Salvador Dalí ont rendu hommage à leur illustre compatriote en recréant plusieurs de ses uvres les plus célèbres.
Enfance
Diego Vélasquez est né à Séville, en Andalousie, en 1599, et a été baptisé le 6 juin en léglise Saint-Pierre de Séville. Il était le fils de Juan Rodríguez de Silva, un homme de loi issu de laristocratie portugaise, et de Jerónima Vélasquez, qui appartenait à la petite noblesse des hidalgos. La coutume espagnole autorisait en effet un fils aîné à adopter le nom de sa mère si un important héritage maternel était en jeu. Ses parents enseignèrent la crainte de Dieu au jeune Diego et, le destinant à un métier qualifié, lui donnèrent une solide éducation dans le domaine des langues et de la philosophie. Mais lenfant montrait déjà une prédisposition particulière pour lart, et fut par conséquent placé en apprentissage à latelier de Francisco de Herrera le Vieux, un peintre impétueux nayant que dédain pour le style italianisant alors en vogue à Séville. Vélasquez, terrifié par les colères de son maître, ne resta avec lui quun an : cest probablement à loccasion de ce séjour quil apprit à se servir de pinceaux dotés de longs poils. Âgé de seulement onze ans à sa sortie de latelier de Herrera, Diego continua son apprentissage chez Francisco Pacheco, un artiste et un enseignant bien établi de Séville. Bien que souvent considéré comme un peintre terne, banal ou même pédant, Pacheco savait parfois exprimer un réalisme très direct, en contradiction avec le style de Raphaël quon lui avait enseigné. Vélasquez suivit lenseignement de son maître pendant cinq ans. Sa présence dans latelier lui permit dapprendre toutes les subtilités des proportions et de la perspective, ainsi que dobserver en témoin privilégié les évolutions littéraires et artistiques de lépoque.
Madrid (première période)
La naissance du réalisme à Séville
Vélasquez tomba amoureux de la fille de Pacheco, Juana, et lépousa en 1618 avec la chaleureuse bénédiction de son ancien maître. Le jeune peintre sattacha pour commencer à la représentation dobjets très communs : jarres en terre cuite en usage à la campagne, oiseaux, poissons, fruits et fleurs de la place du marché faisaient lessentiel de son quotidien. Une uvre particulièrement remarquable de cette période est la Vieille femme faisant frire des ufs (Vieja friendo huevos en espagnol), dans laquelle lartiste trahit son attachement au style du Greco, caractérisé par de forts contrastes de luminosité, mais surtout du Caravage à travers sa virtuosité dans la technique du clair-obscur et son naturalisme intime et profond.
À laube des années 1620, la réputation de Vélasquez était déjà solidement établie à Séville. Sa femme avait accouché de deux filles constituant sa seule famille connue : Francisca, baptisée le 18 mai 1619, et Ignacia. Cette dernière mourut en bas âge, et Francisca resta ainsi lunique enfant du couple. Elle devait plus tard épouser elle-même un peintre du nom de Bautista del Mazo.
Vélasquez réalisa dautres uvres importantes à cette époque de sa vie : il consacra notamment une part importante de son temps aux thèmes religieux, avec LAdoration des Mages en 1619 (Adoración de los Reyes) ou Le Christ et les Pèlerins dEmmaüs en 1626 (Jesús y los peregrinos de Emaús), deux toiles mettant en évidence un réalisme plus pointu et soigneux, bien quencore un peu rude.
Madrid et Philippe IV
Vélasquez, de plus en plus désireux de voyager, se rendit à Madrid en 1622, muni dune lettre de recommandation destinée au comte-duc Juan Fonseca, qui jouissait dune bonne position à la cour. Il y passa plusieurs mois, avec son domestique pour seule compagnie. Le jeune peintre semble avoir fait forte impression dans la capitale espagnole, étant donné quil y fut rappelé dès lannée suivante par le comte-duc d'Olivares, le tout-puissant ministre du roi Philippe IV. On alla même jusquà lui offrir cinquante ducats, soit 175 grammes dor, pour couvrir ses besoins. Vélasquez était cette fois accompagné de son beau-père Francisco Pacheco. Lannée suivante, en 1624, il reçut du roi la somme de 300 ducats pour lui permettre de faire venir sa famille à Madrid : Vélasquez y consentit, et la capitale resta dès lors son lieu de résidence principal jusquà sa mort.
Bien que dun tempérament assez peu volontaire, Philippe était un véritable roi épicurien passionné de chasse, de femmes, et était par-dessus tout un grand amateur dart, allant même jusqu'à tirer une certaine fierté de ses propres talents en poésie ou en peinture. Les historiens mettent à son crédit quil sut rester lami fidèle et dévoué de Vélasquez pendant trente-six ans. Le roi décela en effet très vite le don du jeune homme, et déclara quaucun autre peintre que lui ne pourrait désormais faire son portrait.
La réalisation dun portrait équestre de Philippe IV, en 1623, marqua le début de lengagement de Vélasquez au service du roi, ce qui lui conféra automatiquement quelques privilèges : outre son salaire mensuel de vingt ducats, il bénéficiait dun logement de fonction, de soins médicaux à volonté et dune rémunération complémentaire pour toutes les uvres quil pourrait peindre. Le premier portrait du roi fut exposé à lentrée du palais, où il fut admiré et commenté avec enthousiasme par les poètes de la cour. Luvre a malheureusement disparu, probablement à loccasion dun des nombreux incendies ayant ravagé les palais royaux du pays.
Le musée du Prado, toutefois, possède deux autres portraits de Philippe IV réalisés par Vélasquez et dans lesquels la rudesse de sa période de Séville sest estompée, pour laisser la place à des tons plus délicats. Le tracé est ferme, rappelant en cela le style dAntonio Moro, le portraitiste néerlandais de Philippe II qui exerça une si grande influence sur lécole espagnole. La même année, le prince de Galles (futur Charles Ier d'Angleterre) rendit visite à la cour dEspagne. Des documents de lépoque indiquent quil posa pour Vélasquez, mais la toile a disparu. En 1628, ce fut au tour de Rubens de se rendre à Madrid dans le cadre dune mission diplomatique de neuf mois. Vélasquez fut désigné par le roi pour être le guide de Rubens au cours de sa découverte du patrimoine artistique espagnol. Le vieux peintre flamand, alors au sommet de sa gloire, profita de son déplacement pour accepter une commande de la part du comte-duc Olivares (les grands tableaux qui en résultèrent ornent maintenant le hall principal de Grosvenor House, à Londres). Ces quelques mois eurent sans doute un impact déterminant pour lhomme encore assez peu connu quétait Vélasquez, car Rubens, en courtisan expérimenté, ne se privait pas davouer toute son admiration au jeune Espagnol. Cela neut aucun effet visible à court terme sur le style très personnel de Vélasquez. Ce dernier fut néanmoins impressionné, et lenvie lui prit dès lors de découvrir lItalie et ses grands maîtres légendaires.
En 1627, le roi organisa un concours de peinture ouvert à tous les artistes du pays sur le thème de lexpulsion des Maures. Vélasquez remporta le premier prix, mais son tableau fut détruit par un incendie du palais en 1734. Les descriptions de lépoque indiquent que luvre représentait Philippe III d'Espagne, désignant de son bâton une foule dhommes et de femmes escortés par des soldats, tandis que lEspagne, en femme majestueuse, assistait calmement à la scène. Ce triomphe valut à Vélasquez dêtre nommé huissier à la cour du roi. On lui octroya également à dater de ce moment une somme quotidienne de douze réaux (le même montant que pour les barbiers de la cour) ainsi que 90 ducats par an pour ses frais dhabillement.
Cinq ans plus tard, Vélasquez fut gratifié de 100 ducats supplémentaires pour son Bacchus, réalisé en 1629. Lesprit et le message de cette uvre peuvent se comprendre plus aisément daprès son titre en espagnol : Los Borrachos signifie en effet « Les Buveurs », et la toile dépeint lhommage parodique adressé par un groupe divrognes à un jeune homme à moitié nu, coiffé dune couronne de lierre et assis sur un tonneau de vin. Le tableau, empreint dhumour et de jovialité, nest pas sans rappeler latmosphère des uvres littéraires de Cervantès. Bacchus est par ailleurs exemplaire de la façon dont Vélasquez savait tirer profit dune étude attentive de la vie paysanne : le dessin est dune grande assurance, et les effets dombre et lumière sont mieux maîtrisés que dans les précédentes uvres de lartiste. Cest sans doute la toile qui caractérise le mieux le style de Vélasquez dans la première partie de sa vie.
La période italienne de Vélasquez
Il est dusage de subdiviser la carrière artistique de Vélasquez en plusieurs périodes, en se fondant notamment sur ses deux voyages en Italie : tandis que les uvres réalisées à la suite du premier voyage correspondent à sa seconde période, celles suivant le second voyage appartiendraient à sa troisième et dernière période de créativité. Cette classification quelque peu arbitraire, sans manquer de pertinence, ne trouve cependant pas toujours à sappliquer. Comme cest le cas chez beaucoup de peintres, les différents styles de Vélasquez ont parfois tendance à sentremêler à certains moments de sa vie.
Vélasquez apposait rarement sa signature sur ses portraits, et les archives royales ne fournissent une date que pour ses uvres les plus importantes.
Premier voyage en Italie
En 1629, Philippe IV finit par autoriser Vélasquez à aller séjourner en Italie, sans lui en tenir rigueur : son salaire à la cour fut en effet maintenu, et le roi lui fit don de 400 ducats, auxquels le comte-duc d'Olivares ajouta personnellement 200 ducats. Le peintre embarqua sur un navire dès le mois daoût à Barcelone. Il accomplit son voyage en compagnie du marquis de Spinola, le grand vainqueur de Breda, qui était alors en route pour prendre le commandement des troupes espagnoles à Milan. Cest sans doute au cours de cette traversée que Vélasquez apprit les détails de la reddition de Breda et que lui prit lenvie de réaliser une toile à ce sujet. Il semblerait que le peintre ait également profité du voyage pour esquisser un portrait du grand militaire. Luvre est aujourdhui perdue, mais les traits du marquis de Spinola nous sont néanmoins connus grâce à un tableau d'Antoine Van Dyck.
Une fois à Venise, Vélasquez se plut à réaliser des copies de quelques scènes du Nouveau Testament peintes par Le Tintoret, en particulier la Crucifixion et le Dernier Repas, pour les envoyer au roi d'Espagne. À Rome, de même, il sattacha à faire des dessins daprès les plus grands chefs-duvre de Michel-Ange et de Raphaël. Logé à la Villa Médicis grâce aux démarches du comte de Monterrey, ambassadeur dEspagne et beau-frère dOlivares, Vélasquez fut toutefois contraint par une fièvre à retourner en ville pour éviter de contaminer ses hôtes.
Cest à ce moment quil peignit La Forge de Vulcain. Luvre représente Apollon annonçant à un Vulcain stupéfait, dépeint sous les traits dun forgeron de village, la nouvelle de linfidélité de Vénus, tandis que quatre hommes assistent à la scène avec curiosité. La mythologie gréco-romaine est ici traitée de la même façon que pour Bacchus : le réalisme très intimiste de la scène sert de cadre au décor typiquement espagnol dune forge en Andalousie. Seul Apollon dénote dans lensemble, afin de rappeler le sujet de la toile. Bien que la conception de lensemble soit assez banale, la personnalité de luvre reste forte grâce à la vivacité du dessin et au pouvoir expressif des visages. Le modelé des corps dénudés, en particulier, est extrêmement détaillé.
La Forge de Vulcain est en tout cas dune qualité supérieure à lautre peinture que Vélasquez réalisa à la même période, Jacob recevant la tunique de Joseph, aujourdhui conservée à lEscurial. Labsence de toute influence italienne perceptible dans chacune de ces deux uvres est par ailleurs assez curieuse.
Le peintre mit également à profit son séjour à Rome pour réaliser deux magnifiques paysages des jardins de la Villa Médicis. L'art paysagiste était assez peu répandu en Espagne, ce qui n'empêcha pas Vélasquez de démontrer ses talents dans cet autre domaine.
Le voyageur, toujours en quête de découvertes, choisit de faire une dernière halte à Naples à la fin de l'année 1630, et put y travailler avec son compatriote José de Ribera. Ce dernier jouissait d'une grande renommée dans la ville, qui était dirigée depuis 1504 par un vice-roi espagnol. Or l'infante doña Maria, sur du roi Philippe IV, était justement de passage à la cour du vice-roi depuis le mois d'avril. Elle accepta de se laisser peindre par Vélasquez afin que ce dernier puisse rapporter le tableau au roi, qu'elle n'avait plus vu depuis longtemps. Une fois le charmant portrait réalisé, l'infante partit le 18 décembre pour la Hongrie rejoindre son mari, l'empereur Ferdinand III, qu'elle avait épousé par procuration à Madrid. Vélasquez, sa tâche accomplie, quitta probablement Naples en même temps que l'infante, mais pour rejoindre l'Espagne.
Le retour à Madrid (période intermédiaire)
De retour en Espagne, Vélasquez exécuta une longue série de portraits du jeune prince Baltasar Carlos, héritier à la couronne dEspagne. Le premier dentre eux, Le Prince Baltasar Carlos avec son nain, date du mois de mars 1631. Encore âgé dà peine seize mois, Baltasar est revêtu dun élégant costume vert foncé et brodé dor, tenant dune main son bâton de commandement et lautre une épée : tout concourt dans léquilibre du portrait à assurer sa domination symbolique. Une petite fille naine se trouve directement sur la gauche. Elle ne prête aucune attention à son hochet dargent et semble regarder avec beaucoup dattention un élément situé hors du cadre. Il était coutumier chez les peintres espagnols de cette époque de faire figurer des nains ou des bouffons dans leurs portraits, et Vélasquez renouera régulièrement avec cette habitude.
Dans un autre portrait plus tardif, Le Prince Baltasar Carlos au manège royal avec le comte-duc dOlivares, lenfant, en grand uniforme de maréchal sur son cheval, se présente déjà dans un maintien très noble et digne pour son âge. La scène se déroule à lécole déquitation du palais : le roi et la reine assistent à la scène depuis un balcon, tandis que le comte-duc d'Olivares veille sur la monture du prince. Don Baltasar trouva la mort en 1646 à lâge de dix-sept ans : à en juger par son âge sur le portrait, ce dernier fut sans doute réalisé vers 1641.
Le puissant ministre Olivares fut dès lorigine un protecteur fidèle et efficace de Vélasquez. Les traits sombres et impassibles de son visage nous sont bien connus grâce aux nombreux portraits réalisés par le peintre. Parmi eux, deux sont particulièrement réussis : sur le premier, le comte-duc, représenté en pied, pose très officiellement et arbore la croix verte de lAlcantara. Le second (voir ci-dessus) est un grand portrait équestre dépeignant Olivares de manière assez flatteuse comme un maréchal en pleine bataille. Ces deux portraits illustrent la gratitude de Vélasquez envers celui qui fut son premier protecteur : le peintre nabandonna dailleurs pas Olivares après sa disgrâce, au risque de sattirer la colère et la jalousie de Philippe. Mais le roi ne semble pas en avoir tenu rigueur à son artiste favori.
Quant à la célèbre Reddition de Breda, réalisée à la même époque, linspiration en vint à Vélasquez suite à son voyage en compagnie du marquis de Spinola, qui avait soumis cette ville hollandaise quelques années auparavant. Ce chef-duvre illustre léchange de la clé de la ville entre soldats néerlandais et espagnols. On perçoit linfluence du Greco dans la manière de diviser le tableau en deux côtés pratiquement autonomes lun par rapport à lautre. La reddition de Breda était lune des douze peintures destinées à lornement du grand salon dapparat du tout nouveau palais royal de Madrid, le Buen Retiro. Chacun des douze tableaux, réalisés par Vélasquez ou dautres artistes, devait représenter lune des douze grandes victoires remportées par les armées de Philippe IV depuis le début de son règne, en 1621, jusquen 1633. Luvre de Vélasquez met laccent sur la soumission totale du représentant des Néerlandais, ainsi que sur la magnanimité généreuse et bienveillante du marquis de Spinola, la supériorité militaire espagnole étant symbolisée par limpressionnante nuée de lances en arrière-plan.
Vélasquez sattachait en toute circonstance à rester dans lentourage immédiat de Philippe IV, en laccompagnant par exemple lors de ses voyages en Aragon en 1642 et 1644. Sa présence, de même, ne fait aucun doute lorsque le roi pénétra en conquérant dans la ville de Lérida. Cest à cette occasion quil réalisa un grand portrait équestre de son souverain, dans lequel ce dernier est représenté comme un courageux commandant menant ses troupes au combat un rôle que Philippe nexerça jamais dans la réalité. Tous les éléments de la toile semblent en plein mouvement, à lexception des traits sévères du roi lui-même. Le tableau peut être considéré comme le pendant du grand portrait équestre dOlivares, et rivalise délégance avec le portrait similaire de Charles Quint réalisé par le Titien. Cest précisément cette célèbre uvre qui incita Vélasquez à se surpasser : à un siècle de distance, les deux portraits brillent chacun par leurs teintes argentées et par le réalisme des décors en plein air.
Vélasquez, comme de coutume, avait peint le roi revêtu dun golilla, cest-à-dire dun col blanc très raide sérigeant en angles droits depuis le cou. Cette tenue avait été inventée par Philippe IV en personne, si fier de sa trouvaille quil la célébra par un festival suivi dune procession vers léglise, où il adressa ses remerciements à Dieu pour la bénédiction dont il avait été la faveur. Le golilla simposa donc vite comme une mode incontournable à la cour, et cet élément vestimentaire apparaît dans la plupart des portraits masculins de lépoque.
Les portraits peints par Vélasquez
De la famille royale aux « petites gens »
Bien au-delà des quelque quarante portraits de Philippe IV, Vélasquez loua ses talents à dautres membres de la famille royale. Cest notamment le cas de la première femme de Philippe, Élisabeth de France, et de ses enfants, en particulier laîné Baltasar Carlos (cf. supra), dont il existe un superbe portrait en pied dans une pièce privée du palais de Buckingham. Dautres personnes de rang plus commun sont passées par l'atelier de lartiste, notamment des cavaliers, des soldats, des ecclésiastiques ou encore des poètes de la cour. Tous, sils ont été oubliés par lhistoire, nen ont pas moins survécu dans les mémoires grâce au pinceau du peintre. Il nest pas jusquau fidèle "esclave " de Vélasquez, Juan de Pareja, qui nait eu droit à un magnifique portrait (voir ci-dessus), ce qui montre la grande estime dans laquelle le tenait son maître. Cest à loccasion de son second séjour à Rome en 1650 que Vélasquez peignit le portrait de Juan. Luvre, peut-être réalisée en guise dentraînement avant de sattaquer au portrait du pape Innocent X (voir ci-dessous), parvient à saisir en détail à la fois la contenance très digne de Pareja et ses vêtements quelque peu rapiécés. Il sagit de lun des meilleurs portraits jamais produits par le peintre.
Contrairement à la tradition italienne, les Espagnols de lépoque montraient une certaine réticence à immortaliser les traits de leurs plus belles femmes : les reines et les infantes étaient certes fréquemment peintes et admirées, mais une telle faveur était beaucoup plus rarement accordée aux simples dames de la haute société. On ne peut que se perdre en conjectures sur lidentité de la séduisante Dame à léventail, dont le portrait fait aujourd'hui la fierté de la collection Wallace à Londres.
Nains et bouffons
Si assez peu dEspagnoles accédaient à latelier de Vélasquez, il en allait différemment des nains et des bouffons de la cour. Ces êtres difformes et souffrant souvent dun handicap mental arrivent à susciter une grande sympathie, voire une certaine compassion sous le pinceau de l'artiste, lequel les traite avec douceur et gentillesse en faisant ressortir de façon saisissante leur profonde humanité. Cest particulièrement vrai du Portrait dun nain tenant un volume sur ses genoux : lintelligence des traits du personnage, de même que lénorme livre et la bouteille dencre à ses côtés montrent à quel point lhomme est plus sage et cultivé que la plupart des galants de la cour, contrairement à ce que laisseraient supposer les apparences. Pendant longtemps, cependant, les commentateurs nont vu dans ce tableau quune plaisanterie de Vélasquez. Le peintre, pensaient-ils, se serait simplement amusé à représenter un nain « déguisé en philosophe en train détudier », sans que cela corresponde à lintelligence réelle du modèle. Ce nest quen 1872 que fut émise lhypothèse selon laquelle lhomme en question pourrait être don Diego de Acedo, surnommé El Primo en raison de son statut de favori auprès du roi Philippe IV. Latmosphère raffinée et cultivée dans laquelle baigne le portrait, dans ces conditions, se révèlerait donc parfaitement sérieuse et justifiée.
Dautres uvres telles que le Portrait du bouffon Pablo de Valladolid (1637), où le sujet est dépeint en pleine déclamation, ou encore le Portrait du nain Francisco Lezcano (1645) appartiennent à la même veine.
Mais la représentation de nain le plus célèbre de Vélasquez est probablement le Portrait dun nain assis à terre. Lhomme, dont on sait daprès les archives royales quil se nommait don Sebastián de Morra, est dépeint dans une posture intéressante à plus dun titre. Ce nain barbu, revêtu dun costume aux teintes très vives de vert et de rouge, offre un contraste frappant avec un arrière-plan plutôt sombre, mettant ainsi en valeur le caractère lunatique apparemment bien connu du personnage. Limpression de petitesse est fortement renforcée par le jeu de la perspective, qui ne présente quune vue très raccourcie des jambes, sans compter laspect singulier des pieds redressés vers le haut. La sensualité et la virilité qui sexpriment dans les traits du visage, propres à un homme de taille normale, nen sont que davantage mises en valeur.
Peintures religieuses [modifier]
La plus importante des peintures religieuses de Vélasquez a été réalisée à la même époque : La Crucifixion (ou Le Christ crucifié), malgré son thème assez conventionnel, dépeint la mort du Christ avec une originalité exceptionnelle. La tête de Jésus, inerte, repose sur sa poitrine, et ses cheveux en désordre cachent une partie de son visage. Larrière-plan, dun noir uniforme, laisse ressortir le fait que le Christ est absolument seul. Luvre avait autrefois été allongée afin de pouvoir être insérée dans l'oratoire d'une chapelle. Cette addition a depuis été supprimée.
Il ne faut pas négliger que le fait d'être attaché si tôt à la cour du roi d'Espagne est non seulement une chance pour le peintre quant à sa formidable ascension sociale (il a été anobli à la fin de sa vie), mais également pour son indépendance vis-à-vis des ordres religieux, qui l'auraient dans le cas contraire inondé de leurs commandes religieuses.
Le beau-fils de Vélasquez, Bautista del Mazo, lui avait succédé dans ses fonctions dhuissier en 1634 et gravissait lui aussi très rapidement les échelons de la maison royale. Il touchait pour ses peintures, dès 1640, une pension annuelle de 500 ducats, élevée à 700 ducats en 1648. Il fut par ailleurs nommé inspecteur des travaux du palais en 1647.
Quant à Vélasquez lui-même, il était désormais appelé par dautres tâches : le roi lui confia le projet longuement mûri de fonder une académie des beaux-arts en Espagne. Déjà riche en peintures, le pays souffrait en revanche dun manque de statues, et Vélasquez fut envoyé une nouvelle fois en Italie pour y effectuer des acquisitions.
Second voyage en Italie
Accompagné de son assistant mulâtre et ami Juan de Pareja, auquel il avait enseigné les subtilités de la peinture, Vélasquez embarqua sur un navire à Málaga en 1649. Il prit pied à Gênes, avant de poursuivre son voyage à Milan et Venise, achetant au passage des toiles du Titien, du Tintoret ou de Véronèse. À Modène, le peintre fut reçu avec beaucoup de chaleur par le duc : il sy attarda quelque peu pour réaliser le portrait de son hôte et deux autres tableaux, conservés depuis 1746 à Dresde, en Allemagne.
Ces uvres, par leur facture, annoncent la troisième et dernière période stylistique du peintre. Il en va de même du grand portrait du pape Innocent X, exposé à la Galerie Doria-Pamphilj de Rome, ville où Vélasquez se rendit ensuite. Le chef spirituel de la chrétienté laccueillit avec une faveur très marquée, en lui faisant par exemple don dune médaille et dune chaîne en or. Vélasquez prit soin de faire une copie du portrait pour être en mesure d'en ramener un exemplaire en Espagne. À lheure actuelle, on dénombre plusieurs copies réparties dans différents musées : certaines sont des études établies à partir de loriginal, tandis que dautres sont des répliques réalisées pour Philippe IV. Cest dans le Portrait dInnocent X que Vélasquez semble atteindre pour la première fois la manera abreviada, terme inventé par les Espagnols de lépoque pour caractériser ce style audacieux et tranché. Le portrait reproduit lexpression du visage dInnocent X avec une telle vérité que certains au Vatican craignirent même que le pape n'en soit indisposé. Mais ce dernier, au contraire, se montra enchanté du résultat, et suspendit le tableau dans lantichambre où devaient attendre ses visiteurs. Joshua Reynolds, portraitiste anglais du XVIIIe siècle, alla jusquà déclarer que luvre était la plus belle peinture qui se puisse trouver à Rome. Bien des siècles plus tard, le peintre Francis Bacon, de son propre aveu obsédé par cette uvre, sen inspirerait pour imaginer une variante expressionniste intitulée Figure with Meat (1954), représentant le pape entre deux moitiés dune vache coupée en deux.
Retour en Espagne (période tardive)
Le roi Philippe IV, cependant, se languissait de son peintre favori : après un court passage à Naples où il put rendre visite à son vieil ami José de Ribera, Vélasquez retourna donc en Espagne via Barcelone en 1651. Il emportait avec lui de nombreuses peintures et plus de trois cents statues, toutes destinées à être arrangées à la convenance du roi. Les statues de nu, que lÉglise espagnole avait en horreur, disparurent progressivement après le décès de Philippe. Élisabeth de France était morte en 1644, et le roi avait épousé Marie-Anne d'Autriche, qui fut à son tour fréquemment peinte par Vélasquez. Mais le peintre avait parallèlement reçu le titre daposentador major, qui lui confiait la responsabilité de la bonne tenue des quartiers occupé par la cour. Cette charge lourde navait rien dhonorifique, et allait dès lors interférer avec ses activités artistiques. Pourtant, bien loin de décliner en qualité, les uvres de cette période constituent les plus beaux exemples de son style.
LEspagne comptait alors essentiellement deux mécènes, à savoir lÉglise catholique et Philippe IV lui-même. Bartolomé Esteban Murillo était lartiste de prédilection des ecclésiastiques, tandis que Vélasquez était soutenu par la cour. Les différences entre les deux hommes sont considérables : alors que Murillo, après une vie de labeur au service dune Église pourtant riche et puissante, mourut avec à peine de quoi financer son enterrement, Vélasquez vécut et séteignit dans les fastes de la vie courtisane.
Les Ménines
Article détaillé : Les Ménines.Lune des infantes, Marguerite, la fille aînée de la nouvelle reine, est le sujet de Les Ménines (Las Meninas en espagnol). Il sagit probablement du chef duvre de Vélasquez. Réalisé quatre ans avant sa mort, le tableau se fait à lui seul lambassadeur du courant baroque tout entier. Luvre a été portée aux nues dès sa création : Luca Giordano, un peintre italien de lépoque, le qualifia de « théologie de la peinture ». Quant à lAnglais Thomas Lawrence, il vit en la capacité du tableau de produire très exactement leffet désiré lobjet même de la « philosophie de lart ».
Les Ménines
1656-1657 (318 x 276 cm)
Musée du Prado, Madrid Le message de luvre a été interprété de diverses manières. Certains commentateurs avancent que le reflet assez flou du roi et de la reine sur le miroir du fond pourrait symboliser le déclin imminent de lempire espagnol, qui ne se concrétiserait quaprès la mort de lartiste. [réf. nécessaire]
Michel Foucault, dans Les Mots et les choses, fait une analyse magistrale de ce tableau. Le spectateur est peu à peu amené à réaliser qu'à l'arrière-plan, parmi les portraits couvrant le pan du mur, l'un d'eux a un reflet étrange, qui fait penser à un miroir. Il comprend alors que le couple royal s'y reflète. Puis le regard revient vers le devant de la scène, vers Vélasquez en train de peindre (son pinceau vient de quitter la toile). Il ressort de cette disposition que le peintre s'est représenté en pleine réalisation d'un portrait du couple royal, dans un remarquable exemple de mise en abyme. Le regard de l'artiste va d'ailleurs au-delà du cadre du tableau, car il fixe le roi et la reine qui se trouvent plus loin, à la place même de la personne contemplant l'uvre. Le peintre croise alors le regard du spectateur qui regarde la toile, et qui, au moment même de cet échange de regards, devient lui-même, un instant, le modèle du tableau. Elisabeth Borton de Treviño dit dans le postface de son livre, Je suis Juan de Pareja, que ce serait le roi guidé de la main de Juan de Pareja, esclave de Velasquez, qui aurait peint la croix.
Certains chroniqueurs ont affirmé que Philippe IV, après s'être extasié sur le tableau, aurait peint lui-même sur la poitrine de Vélasquez la croix rouge de lOrdre de Santiago, légende reconnue depuis comme fausse, étant donné que Vélasquez ne reçut cette éminente distinction de chevalerie que trois ans après lexécution du tableau[1]. Même le roi dEspagne, en effet, ne pouvait adouber son favori sans laccord de la commission spéciale chargée de vérifier la pureté généalogique de lintéressé. Lobjectif de cette enquête était déviter la promotion sociale de toute personne se révélant avoir des traces de sang juif ou maure dans les veines, autrement dit ne possédant pas la fameuse limpieza de sangre. Il fallait, de même, quaucune des deux branches de la famille nait pratiqué le commerce sur plusieurs générations. Les documents produits par la commission ont été retrouvés parmi les archives de lOrdre de Santiago. Vélasquez fut finalement accepté en 1659 : malgré son activité, on ne pouvait de fait le considérer comme un marchand, puisque son statut de peintre officiel du roi le dispensait à lévidence de vendre ses peintures.
Vénus à son miroir [modifier]
Sans le crédit que Vélasquez gagnait à voir son adhésion ainsi envisagée dans l'Ordre de Santiago, il naurait probablement pas échappé à la censure de lInquisition espagnole à propos de la superbe Vénus à son miroir. Il sagit du seul nu féminin du peintre ayant pu parvenir jusquà nous. Sa date de composition prête néanmoins à débat : jusquà récemment, les spécialistes étaient daccord pour situer le tableau vers la fin de la décennie 1650, cest-à-dire au crépuscule de la carrière de Vélasquez. Cette hypothèse a été mise à mal suite à la découverte de linventaire dune collection privée remontant au 1er juin 1651, et citant nommément Vénus à son miroir. Cet indice inattendu fait remonter la création du tableau jusquà la période précédant le second voyage de lartiste en Italie, probablement entre 1644 et 1648. Toutefois, le style pleinement abouti de ce chef-duvre justifie toujours son classement parmi les travaux les plus tardifs du peintre.
Vénus à son miroir, plus encore que les autres peintures de Vélasquez, a subi les rigueurs du temps. Au-delà des classiques déchirures ou frottements, le tableau a par exemple été vandalisé à coups de couteau en 1914 par une suffragette militante. Par ailleurs, une restauration un peu brutale de luvre, intervenue en 1965, a profondément altéré certaines teintes originelles du dessin, comme le gris initial de la couche sur laquelle repose Vénus, aujourdhui très nettement bleue.
Mais cela nenlève en rien son intérêt au tableau, dont tous les éléments semblent converger pour conférer à la scène une puissante charge érotique : la vivacité exubérante des coloris, quil sagisse du rouge vif des rideaux, du bleu de la ceinture de Cupidon ou des tonalités pâles et laiteuses de la peau de la déesse, se conjuguent avec la parfaite fluidité et féminité des lignes du corps allongé, dans une atmosphère de sensualité rare pour lépoque. L'uvre a souvent intrigué du fait que le visage reflété dans le miroir semble appartenir à une femme nettement plus âgée. Pour certains, il s'agit d'une allusion à la vanité et à la brièveté de toute beauté. D'autres n'y voient que les effets d'une mauvaise restauration par un peintre ultérieur.
Les commentateurs ont relevé plusieurs similitudes stylistiques avec dautres uvres de Vélasquez remontant à la même époque, en particulier la représentation d'Arachné. Sans avoir la luxuriance de Vénus à son miroir, la jeune Arachné est dépeinte avec une grande sensibilité, tant dans le modelé de sa silhouette que dans les effets de transparence vaporeuse de son habit. Dans chacun des deux tableaux, Vélasquez se sert avec habileté du prétexte de la mythologie gréco-romaine pour exprimer son idée de la beauté dune jeune femme.
Les Fileuses [modifier]
Article détaillé : Les Fileuses.Lune des dernières uvres de lartiste, La Légende dArachné, plus communément appelée Les Fileuses (Las hilanderas en espagnol), fut achevée aux alentours de lannée 1657. La toile représente lintérieur dune fabrique royale de tapisseries. Le tableau, rempli de lumière, dair et de mouvement, arbore des couleurs chatoyantes et semble avoir fait lobjet de soins considérables de la part de Vélasquez. Comme la montré Raphaël Mengs, cette uvre paraît ne pas être le fruit dun travail manuel, mais dune pure volonté abstraite. Elle concentre tout le savoir-faire artistique accumulé par le peintre au cours de sa longue carrière de quarante années. Le plan en est pourtant relativement simple, et repose sur une combinaison variée de teintes rouges, vertes bleutées, grises et noires.
En 1660, la signature dun traité de paix longtemps attendu entre la France et lEspagne fut scellé par le mariage de linfante Marie-Thérèse avec Louis XIV. La cérémonie devait se dérouler sur lÎle aux Faisans, un petit îlot marécageux de la Bidassoa. Vélasquez fut chargé de la décoration du pavillon espagnol et de tous les arrangements esthétiques. Le peintre semble avoir frappé lensemble des invités par la splendeur du costume quil arbora le jour des festivités. Il reprit la route de Madrid le 26 juin, mais fut frappé dune fièvre le 31 juillet. Sentant sa fin approcher, il rédigea ses dernières volontés, faisant de son épouse et de son meilleur ami Fuensalida, gardien des archives royales, ses seuls exécuteurs testamentaires. Diego Vélasquez séteignit le 6 août 1660, et fut enterré dans le caveau Fuensalida de léglise San Juan. En lespace dà peine huit jours, sa femme le rejoignit dans la mort. Léglise, malheureusement, fut détruite par larmée napoléonienne en 1811, si bien que le lieu précis du caveau est aujourdhui inconnu. Les nombreuses dettes accumulées par Vélasquez alimentèrent les tensions entre la famille du peintre et le Trésor espagnol jusquen 1666, avant que la mort de Philippe IV ne fasse finalement oublier le litige.
Adaptations modernes [modifier]
XIXe siècle [modifier]
Jusquau XIXe siècle, les uvres de Diego Vélasquez sont restées assez peu connues en-dehors de lEspagne. Il fallut ainsi attendre l'initiative de Goya, en 1778, pour que les tableaux du maître contenus dans les collections royales soient enfin gravés. Beaucoup de ses peintures sortirent néanmoins du pays à loccasion des guerres napoléoniennes, emportées par des officiers français amateurs dart, et circulèrent dès lors à travers lEurope. En 1828, David Wilkie, en visite à Madrid, écrivait quil se sentait en présence dune nouvelle puissance artistique lorsquil contemplait les toiles de Vélasquez, chez qui il pouvait déceler des affinités avec certains portraitistes britanniques comme Henry Raeburn. Lartiste fut notamment frappé par limpression de modernisme se dégageant des uvres du peintre espagnol, quil sagisse des portraits ou des paysages.
Depuis, la technique et la personnalité inimitable de son style ont valu à Vélasquez une place de choix dans lhistoire de l'art européenne. On le considère souvent comme le père de lécole espagnole de peinture. Bien que très lié avec toutes les écoles italiennes et les plus grands artistes de son temps, Vélasquez a su résister aux influences extérieures et développer son propre genre stylistique.
Vélasquez a été en peinture lun des modèles prédominants dÉdouard Manet, ce qui nest pas anodin si lon sait que ce dernier opère la jonction entre le réalisme et limpressionnisme. Le qualifiant souvent de « peintre des peintres », Manet admirait chez son illustre prédécesseur le recours à des coloris très vifs, qui distinguent particulièrement Vélasquez de ses contemporains, plus attachés à un baroque assez académique. L'influence de Vélasquez se retrouve par exemple dans Le Joueur de fifre, où Manet s'inspire ouvertement des portraits de nains et de bouffons réalisés par le peintre espagnol.
XXe siècle [modifier]
Létape essentielle que constitue Vélasquez dans lhistoire de l'art est perceptible jusquà aujourdhui à travers la façon dont les peintres du XXe siècle ont jugé son uvre. Cest Pablo Picasso qui a présenté à son compatriote lhommage le plus visible, lorsquil recomposa entièrement Les Ménines en 1957 dans son style cubiste si caractéristique, tout en conservant avec précision la position originale des personnages. Bien que Picasso ait craint quune telle uvre ne soit considérée que comme une copie, ce travail dune ampleur considérable (il sagissait de sa plus grande toile depuis Guernica en 1937) fut très vite reconnu et apprécié par les milieux artistiques espagnols.
Salvador Dalí, tout comme Picasso, voulait anticiper sur la célébration du tricentenaire de la mort de Vélasquez. Il réalisa en 1958 une uvre intitulée Vélasquez peignant linfante Marguerite. Lusage des couleurs fait clairement référence au style du grand peintre. Tant cette toile que celle de Picasso eurent non seulement pour effet de raviver lintérêt autour de Vélasquez, mais aussi de stimuler lapparition de nouvelles théories et écoles artistiques, comme par exemple le mysticisme nucléaire dans le cas de Dalí.
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