• Une de mes collègues, adepte du Feng Shui et du Gi kong, m'a dit que ledit Feng Shui apportait du bien être dans notre vie au quotidien.

    Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je mets l'article de Wikipédia ci dessous et vous pouvez mettre vos commentaires pour donner vos avis sur la question.

     

    Feng shui

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    Fēngshuǐ.  Audio.
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    Le Feng shui ( 风水 pinyin : fēng shuǐ, littéralement « le vent et l'eau ») est un art chinois millénaire dont le but est d'harmoniser l'énergie (le Qi) d'un lieu de manière à favoriser la santé, le bien-être et la prospérité de ses occupants. Il s'agit d'un des Arts Taoïstes, au même titre que la médecine chinoise traditionnelle (MTC) ou l'acupuncture, avec lesquelles il partage un tronc commun de connaissances.

    Depuis des siècles, les Chinois s'y réfèrent pour concevoir leurs cités, construire leurs maisons et inhumer leurs morts. Aujourd'hui, le monde des affaires consulte les Maîtres en Feng Shui pour décider de l'implantation de leurs bureaux.

     

    Étymologie

    Le terme signifie littéralement « vent » (fēng) et « eau » (shuǐ). Cet art fut tout d'abord appelé Kan Yu (堪輿) de kan « observation » et yu « char », puis « terre ». Kan Yu signifie donc « observation de la terre » ; certaines interprétations considèrent que Kan désigne la Voie du Ciel et Yu la Voie de la terre. Le nom de Feng Shui apparait pour la première fois dans le Zangshu (葬書) ou Traité des Sépultures écrit par Guo Pu (郭璞 276-324) [1] :

    « Les Classiques disent que le Qi est emporté par le vent et se disperse, il est capté par l'eau et se concentre. Les Anciens l'ont collecté pour prévenir sa dissipation, ils l'ont guidé pour assurer sa rétention. Ainsi ils ont nommé (cette méthode) Feng Shui. » [1]

    Un autre terme moins fréquent est Qingniao Shu (青鳥術), « Techniques de l'oiseau bleu ». Oiseau bleu est selon le Zuozhuan le nom d'un fonctionnaire chargé de l'astronomie et du calendrier ; Selon le Yunji qiqian (雲笈七籤), ouvrage taoïste des Song, c'est le personnage qui enseigna à l'Empereur jaune comment diviser l'espace.

     

     

    Principes et outils de base

    La grande ligne directrice du feng shui est l'optimisation des « flux de qi » . Ces flux sont influencés par les formes et les matières composant l'environnement.

    Cette discipline s'appuie sur la théorie des 5 éléments (Terre, Métal, Eau, Bois, Feu) et sur le principe du Yin et du Yang. L'expert en feng shui s'attache à équilibrer les forces en présence.

     

     

    Qi (ou Chi)

    Article détaillé : qi (spiritualité).

    La grande ligne directrice du Feng Shui est l'optimisation des "flux de qi" . Ces flux sont influencés par les formes et les matières composant l'environnement, mais également par l'écoulement du temps.

    Cette discipline s'appuie sur la théorie des 5 éléments (Terre, Métal, Eau, Bois, Feu), le principe du Yin et du Yang, les cycles temporels, etc. L'expert en Feng Shui s'attache à équilibrer les forces en présence, ou à modifier celles-ci en fonction d'un objectif précis.

    Le Feng Shui n'est pas "art du placement" et ne consiste pas non plus à "vivre en harmonie avec la Nature", mais bien à modifier les conditions énergétiques dans lequel se trouve un site, au même titre que l'acupuncture modifie la distribution du Qi au travers des méridiens du corps, dans un but déterminé. À ce titre, le Feng Shui est quelquefois considéré comme une "médecine de l'habitat".

     

     

    Le Yin et le Yang

    Article détaillé : Yīn et Yáng.
     
     

    Les cinq phases, ou éléments

    La théorie des cinq phases de transformation du Qi, improprement appelée théorie des 5 éléments en raison des appellations données à ces cinq phases (Eau, Bois, Feu, Terre, Métal) est le principal pilier sur lequel s'appuie le Feng Shui. Ces cinq phases correspondent à des périodes définies, comme par exemple les saisons (hiver = eau, printemps = bois, été = feu, automne = métal, intersaisons = terre) mais aussi les années, mois, jours, heures. En fonction de l'écoulement du temps, le qi subit des transformations, et donc des changements de propriétés, cycliques. Selon cette théorie, il existe deux cycles principaux d'engendrement (sheng) et de contrôle (ke).

     

     

    Le facteur temporel

    La transformation cyclique des propriétés du qi fait intervenir la notion de temps, très importante en Feng Shui (comme en acupuncture ou en MTC).

     

    La Boussole

    Il est commun de dire qu'on ne peut pratiquer le Feng Shui sans boussole, à l'exception du cas où on se limite exclusivement à analyser les facteurs environnementaux dans le cadre de l'école de la Forme. On peut utiliser indifféremment une boussole classique ou un luo pan (boussole chinoise) qui en plus de l'aiguille magnétique, est pourvu d'un certain nombre de cercles concentriques chargés de données transformant celui-ci en véritable règle à calcul pour le praticien. Plusieurs modèles de luo pan existent, les plus simples comportant seulement quatre ou cinq cercles, les plus complexes allant jusqu'à en compter trente-six.

     

     

    Le bagua

    Le bagua (ou Pakua) est utilisé pour positionner chaque élément dans la maison.

     

    Le bagua (ou Pakua) est utilisé pour positionner chaque élément dans la maison.

    Le bagua (ou pa kua) du Yi Jing (« Livre des mutations ») est un diagramme octagonal utilisé dans les analyses feng shui. Le sud est toujours placé en haut et le nord en bas. Chaque direction de l'octogone (Nord, Nord-Est, etc.) a une certaine signification qui peut varier selon les écoles.

    Il existe deux représentations du ba gua : celle du ciel antérieur et celle du ciel postérieur. Le premier est surtout utile pour l'agencement de l'habitat.

    Le Ba gua peut être aussi un art martial interne qui représente les huit trigrammes.

     

     

    Carré de Lo Shu

    Le carré Lo Shu (sinogrammes simplifiés : 洛书 ; sinogrammes traditionnels : 洛書 ; hanyu pinyin : luò shū; littéralement: livre de Luo (rivière)) ou les Neuf diagrammes (sinogrammes simplifiés : 九宫图 ; sinogrammes traditionnels : 九宮圖 ; hanyu pinyin : jiǔ gōng tú) est un carré magique d'ordre 3 qui est utilisé comme règle de calcul dans l'établissement du schéma énergétique d'une habitation et la détermination de certains transits d'énergie.

    Selon la légende, il y a 6000ans, une tortue était sortie de la rivière et portait sur sa carapace le carré magique de Luo Shu.

    Le lo Shu montre l'emplacement des neufs étoiles volantes. Ainsi le déplacement de ces étoiles volantes suit un cheminement fixe et bien précis dans ce carré magique qui est le lo shu. Chaque chiffre représente un élément. Ainsi le 1 ici représente l'élément eau au nord, le 8 la terre, le 3 le bois, le 4 la terre, le 9 le feu, le 2 la terre, le 7 le métal et le 5 la terre.

    Ce sera à partir ce ce carré que l'on définira les zones à éviter ainsi que les zones à énergetiser. Le 2 et le 5 par exemple sont néfastes donc à éviter tandis que le 1, le 6, le 8 et le 9 sont favorables.

     

     

    Histoire

    Aubes lointaines

    Il y a plusieurs milliers d'années que les devins et les sages de la Chine ancienne ont jeté les bases du Feng Shui. La légende stipule que la boussole fut inventée pendant le règne de l'Empereur Jaune et fut d'abord utilisée pour la navigation. Elle fut ensuite modifiée pour l'usage en Feng Shui.

    Pour les habitants de la Chine ancienne, les éléments naturels, comme le vent et l'eau, matérialisent l'énergie du ciel et de la terre. En mouvement, cette énergie est nourricière, excessive ou au contraire stagnante, elle possède des qualités destructrices.

    Les premières tribus chinoises sont dirigées par des rois-chamans qui connaissent les voies du vent et de l'eau et ont pouvoir sur les éléments. L'un d'eux est le sage Fu Xi, aujourd'hui vénéré comme protecteur des sciences et des arts divinatoires, notamment en raison de sa découverte du Ho Tu (河圖 comportement cyclique du fleuve Ho).

    Le sinologue James Legge rapporte que le Yi Jing affirme que, près de trois millénaires avant notre ère, un animal mythique sorti du Fleuve Jaune et portant empreint sur son dos un arrangement de marques, aurait inspiré à Fu Xi l'idée du Ho Tu. [2]

    Yu le Grand est un autre roi-chamane dont on dit qu'il a reçu d'un immortel l'ouvrage intitulé "Livre de la maîtrise des Eaux". Il découvrit le schéma Luo Shu, qui exprime le comportement cyclique du fleuve Luo, sur la carapace d'une tortue, dit la légende. Lorsqu'il devient roi après la mort de l'Empereur Shun, Yu possède aussi la faculté de comprendre les changements terrestres et célestes qui affectent le vent et l'eau, ainsi que le cycle des saisons.

    Huang Di, l'Empereur Jaune, fut un souverain légendaire qui acquit la maîtrise des caractéristiques propres à la topographie. Selon la légende chinoise, la Dame des Neuf Béatitudes lui enseigna la technique de la boussole géomantique. [3]

    Au début de la dynastie Zhou (1122-207 av. J.C) le roi Wen fut le premier à utiliser le Ba Gua pour décrire les changements du monde. Vers le huitième siècle avant J.C. les Chinois utilisaient le Ba Gua et les théories du changement pour favoriser la circulation d'un bon Chi dans les palais, afin d'apporter au royaume la prospérité et l'harmonie.

     

     

    Le Kan Yu

    L'art du Kan Yu prit naissance sous la Dynastie Han (-206 à +219). Le Kan Yu est l'étude de la distribution de l' énergie dans le paysage et pose comme axiome que les formations géologiques, en particulier les reliefs montagneux et les rivières, sont chargés d'énergie vitale ou Chi.

    Les Chinois pensaient alors que l'énergie tellurique pouvait faire et défaire un royaume.

    Par exemple, si la capitale d'un royaume était établie sur un lieu propice et nourricier, ceci pouvait profiter à l' ensemble du royaume. Si la capitale était établie sur un site néfaste, le royaume pouvait subir différentes catastrophes. De même si un empereur était enseveli sur un bon site, sa dynastie devait perdurer.

    De fait, le Kan Yu fut d'abord utilisé au profit des familles impériales. Le Kan Yu se divisa en deux branches : Feng Shui Yin pour le choix des sépultures et Feng Shui Yang pour l'aménagement des lieux de résidence des vivants.

     

     

    L'âge d'or

    L'âge d'or du Kan Yu s'étendit de 618 à 1279 sous les deux dynasties Tang et Song. Pendant cette période, de nombreuses évolutions se produirent. Yang Yun Sun fut un des maîtres Kan Yu les plus célèbres. Il fonda les écoles da San Yun (trois périodes) et San He (trois combinaisons) et établit de nombreuses théories.

    Sous la dynastite Song, Xu Jen Wang développa les vues de l'école des Trois Périodes et créa celle du Xuan Kong, instaurant le système des Astres Mobiles (Flying Stars)

    La dernière phase de développement du Feng Shui se produit sous la dynastie Qing (1644-1911) puis sous la République de Chine (1911-1949). Très tôt sous la dynastie Qing, la méthode dite des Huit Maisons ou Ba Zhai fut crée et appliquée exclusivement au Feng Shui des résidences. Le Ba Zhai cherche à accorder l'astre protecteur des occupants à celui de la maison. Pendant la période républicaine, l'école du Xuan Kong intégra les données géologiques, en tant que complément au système des Astres Mobiles, dans l'évaluation d'un site. C'est également pendant cette période que le Xuan Kong se développa dans l'évaluation des établissements d'entreprise et de commerce.

     

     

    Géomancie

    Des missionnaires chrétiens parcourant la Chine au XIXe siècle ont indûment traduit la notion de feng shui en « géomancie », « traduction » qui a eu cours pendant des décennies, en français et dans d'autres langues occidentales. Mais cette confusion de vocabulaire a quasiment disparu depuis les années 1970, l'appellation originelle de feng shui étant désormais employée de façon quasi-exclusive en Occident, si l'on se réfère aux titres des nombreux ouvrages publiés sur le sujet.

     

     

    Aujourd'hui

    On a toujours recours aux maîtres de feng shui dans le sud de la Chine et à Hong-Kong, et souvent pour des prix très onéreux. Par exemple, le sens d'une cage d'escalier a dū être inversé dans un immeuble à Hong-Kong, suite aux recommandations d'un maître.

    Depuis le milieu des années 1980, le feng shui a refait son apparition d'abord aux USA et plus tardivement dans les pays francophones.

    Le Feng Shui classique ("classical Feng Shui"), également connu comme le Feng Shui Xuan Kung, comme pratiqué en Asie et dans l'ouest aujourd'hui, est un amalgame de tous les aspects traditionnels du Feng Shui. Ceci inclut l'école de forme, école de boussole et le méthode des Etoiles Volantes.

     

     

    Evolution

    Au fil du temps, le Feng Shui est devenu de plus en plus complexe et plusieurs "écoles" ou "méthodes" complémentaires ont vu le jour, chacune apportant un éclairage différent d'une même réalité.

    A titre d'information, on peut citer :

    1. Le Ba Gua Fa, plus connue en tant que Méthode des Huit Aspirations
    2. Le Ba Zhai Fa, ou Méthode des Huit Demeures
    3. Le Xuan Kong Fei Xing, ou méthode des Etoiles Volantes
    4. etc.

    Une autre classification existe, qui consiste à diviser le Feng Shui en deux "écoles", celle de la Forme, et celle de la Boussole. Ces deux écoles ont souvent été présentées comme opposées, alors qu'elle se complètent au point qu'aujourd'hui cette dichotomie paraisse obsolète. Elle subsite néanmoins dans de nombreux ouvrages et sites.

     

    Dérives modernes

    Depuis les années '80, une forme simplifiée du Feng Shui s'est propagée, aux États Unis d'abord, puis partout dans le monde. Celle-ci présente le Feng Shui comme un amalgame de recettes et de superstitions supposées apporter chance et prospérité à l'aide de quelques aménagements dans la décoration intérieure d'une maison ou en y ajoutant quelques objets mythiques (gremouilles à trois pattes, flûtes de bambou, etc.) Parfois, il s'agit d'assimiler le Feng Shui à la psychologie de la couleur. En tant qu'ensemble de recettes d'application facile, ce Feng Shui simplifié a convergé avec la "géobiologie".

     

     

    Black Hat

    Une variante remarquable de ce Feng Shui "new-age" consiste à diviser les maisons en huit secteurs (prospérité, carrière, etc.) sans utiliser la boussole, mais en définissant un "nord" toujours situé là où se trouve la porte d'entrée. Elle est cependant très largement diffusée en raison de sa simplicité et de son aspect spiritualiste, et a fait l'objet d'une grande quantité de publications en Occident.

     

     

    Archipuncture

    L’archipuncture a été créée en 1988 par l’architecte belge Christian Braibant, par contraction des mots architecture et acupuncture. Basée sur l’art du Feng Shui, elle applique aux bâtiments, les principes de l’acupuncture, issue de la tradition taoïste. Elle établit un parallèle entre les circulations d’énergie terrestres et les méridiens du corps humain. Les principes et moyens qui servent à soulager peuvent dès lors servir à analyser l’architecture, la forme des ouvrages ou les matériaux qui les composent et « soigner » ainsi les déséquilibres. La recherche des qualités prédominantes Yin et Yang d’un élément est raffinée par les 5 éléments et leurs cycles.

    Il est convenu, à défaut de certitudes scientifiques autre que les champs magnétiques, qu'un maillage d'énergie parcourt le globe terrestre du pôle Nord, par l'équateur vers le pôle Sud. Il serait déformé par la rotation de la Terre et donc s'orienterait, en Europe, à environ 45° par rapport à l'axe N-S. Ces courants alternativement positifs et négatifs, se croiseraient en des points de qualité ++,+-,-+,--. Ce maillage serait fortement influencé par le relief mais aussi par la forme des bâtiments. L'archipuncteur observe une concentration des réseaux par les formes pointues comme les menhirs et une expansion autour des formes ramassées comme les dolmens ou pyramides.

     

     

    Liens externes

     

     

    Bibliographie

    • Feng Feng Shui Force d’Harmonie, Feng Shui Occidental, entièrement illustré, Bruno Colet, A. Viragh, Ed. Open Way, 2006
    • Feng Shui dans votre maison, harmoniser chaque pièce de votre maison, entièrement illustré, Karine Van Li, Ed. Exclusif, 2003, ISBN 2848910062
    • Vivre votre Feng Shui au quotidien, par Agnès Dumanget, Edition Trajectoire, Paris, 2005, ISBN 2-84197-346-8
    • Feng Shui, purifier et protéger votre maison, les méthodes pratiques, Giulia Vegni Petrelli, Ed Cristal, 2006, ISBN 2848950366
    • Leçons approfondies de Feng Shui, Eva Wong, le Courrier du Livre, 2000, ISBN 2-7029-0402-5
    • A Translation of the Ancient Chinese Book of Burial (Zang Shu) by Guo Pu (276-324), Zhang Juwen, Mellen Press, 2004, ISBN 0-7734-6352-6
    • Traité pratique du Feng Shui, Guy-Charles Ravier, docteur en géographie, Editions de l'Aire, 1991, ISBN 2-88108-079-0
    • La vérité des apparences - Feng Shui taoïste, Zu-Hui Yang & Hiria Ottino, Trédaniel, 2001, ISBN 2-8444-525-1
    • Feng Shui manuel pratique T1Gérard Edde Edition Chariot d'Or, ISBN 2-911806-09-3
    • Feng Shui, Force d'harmonie, Alexandra Virag et Bruno Colet, Edition Trajectoire, Paris, 1999 ISBN 2-84197-106-6

     

     

    Références

    1. ab The Zangshu, or Book of Burial Translated by Stephen L. Field, Ph.D.
    2. Book of Change, James Legge, Hunan, 1995
    3. Leçons approfondies de Feng Shui, Eva Wong

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    Morphologie

    Aucune confusion possible pour cet oiseau marin symbole de la Ligue Française pour la Protection des Oiseaux. La silhouette est assez ronde. L'oiseau se tient dressé, bien droit. Description du plumage nuptial : dos, cou, nuque, raie sommitale et ailes entièrement noirs, dessous blanc pur, les joues, le dessus de l'oeil, et les lores blancs, pattes palmées oranges. L'oeil cerclé de rouge est souligné par un fin sourcil noir se prolongeant derrière l'oeil. Le bec est la partie la plus remarquable : grossièrement triangulaire et volumineux, il est formé de couches cornées successives, pointe rouge, base bleu foncé entourée de jaune. Il est légèrement crochu. En dehors de l'épisode nuptial, le bec est sombre et plus petit car il perd les plaques ornementales. La face est plus foncée, devenant noirâtre et les côtés grisâtre clair. L'abdomen est gris aussi. Les pattes et les doigts deviennent jaune pâle. Le plumage du corps est le même toute l'année. Les deux sexes sont semblables. Le poussin est couvert de duvet brun-noir pendant les trois premières semaines. A un mois, le duvet est tombé et le bec est plus long et foncé. Le jeune de premier hiver commence à ressembler aux adultes, mais il reste encore plus petit et plus terne qu'eux. Son bec sombre est long et pointu, et les pattes sont roses.

     

    Répartition géographique

    La répartition du macareux moine est restreinte à l'Atlantique nord. On le retrouve sur les côtes du nord de l'Europe, de l'Islande et de l'est de l'Amérique du Nord. Il est la seule espèce de macareux de l'Atlantique, les trois autres espèces se retrouvant seulement dans le Pacifique. Son aire de nidification s'étend vers le sud jusqu'au Maine, en Amérique, et jusqu'en Bretagne, en Europe.Le clown de mer, c'est un de ses surnoms, est un oiseau pélagique. Il passe le plus clair de son temps en haute mer. Seule la reproduction le contraint à se rendre sur la terre ferme. Il niche sur les pentes herbeuses et les falaises ou les îles, sur les côtes insulaires ou continentales. Les populations les plus conséquentes se reproduisent en : Islande (2 à 3 millions de couples), Irlande, Ecosse, aux Shetlands, Scandinavie...L'aire de répartition du macareux moine est strictement nord-atlantique.

     

    Comportement

    Le macareux moine utilise son grand bec pour stocker ses proies, jusqu'à 30 ! Afin d'en capturer d'autres, il coince les premiers poissons entre la langue et la mandibule supérieure, et continue de pêcher. Ils sont bien adaptés à la pêche sous-marine, souvent à plus de 15 mètres de profondeur. Ils se nourrissent en petits groupes de deux ou trois. Le macareux moine plonge des airs ou de la surface, et nage sous l'eau en s'aidant de ses courtes ailes. Ses pieds palmés ne servent qu'aux changements de direction. Il avale ses proies sous l'eau, sauf quand il nourrit son poussin. Quand les adultes portent les poissons aux jeunes, ils sont souvent poursuivis par les goélands et les labbes. Ils s'échappent en plongeant dans la mer. Le macareux moine est très grégaire en été, nichant et vivant en colonies. Il dort en mer, le bec sous l'aile. Le grand bec est utilisé pour creuser le terrier où se trouve le nid. Mais le bec est aussi utilisé pour les parades nuptiales. Quand le bec est orné de ses couches cornées et colorées, il attire les femelles. Et pendant la parade, les partenaires touchent leurs becs face à face, et le mâle est tellement excité qu'il pousse la femelle vers le bas de la pente herbeuse. Pendant cette période, les partenaires peuvent aussi se battre sur l'eau, et attirer d'autres couples. L'accouplement a lieu sur l'eau. Les couples restent unis pendant toute la saison de reproduction, souvent posés à l'extérieur du terrier. Ils sont monogames. Sur le sol, le macareux moine marche, et parfois court. Il reste debout bien droit, dressé sur ses seuls pieds palmés. Ils vivent en colonies. Ce sont des oiseaux très curieux et peu farouches. Ils paraissent souvent comiques, sautillant autour du terrier en penchant la tête.

     

     

    Divers

    La population de macareux moines a considérablement diminué au XIXe siècle, lorsqu'ils étaient chassés pour leur chair et leurs œufs. Plus récemment, des colonies ont décliné à cause de la prédation par les goélands et de l'introduction accidentelle de rats sur certaines îles où elles nichent. L'espérance de vie d'un macareux moine est d'environ 25 ans.

    Le macareux moine est l'emblème aviaire de la province canadienne de Terre-Neuve-et-Labrador et de la ville de Perros-Guirec en Bretagne, à cause de la forte colonie implantée sur les Sept Îles, un ensemble d'îles non loin de la côte.

    Le macareux est aussi l'emblème de Ligue pour la protection des oiseaux.

    Le nom de l'espèce, Fratercula arctica, signifie « petit frère de l'Arctique » en latin. La mention petit frère (ainsi que sa dénomination moine) est sûrement à rapprocher de son plumage.

    Constatant que le navigateur Opera n'avait pas de mascotte, Brian Huisman a décidé de prendre le macareux moine comme mascotte du butineur norvégien.

     


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  • La coiffe bretonne n'est pas traditionnelle. Elle apparaît en effet seulement au 19ème siècle et ne survivra jusqu'à la moitié du 20ème que dans les campagnes. De plus, dans chaque pays breton, la coiffe n'a cessé de se modifier et les robes, costumes, tissus ou motifs de changer; même les territoires des différentes modes ont évolué pendant un siècle. Les régions de Basse-Bretagne sont plus riches en variétés de costumes que celles de Bretagne Orientale où les zones couvertes par chaque mode sont plus étendues. Il y avait bien sûr à l'intérieur de chaque pays, des coiffes d'usages différents : coiffes de paysannes ou d'artisanes, pour les mariages, les deuils ou les pardons, pour l'usine, etc... R.Y. Creston dans un ouvrage de référence parle de 1200 types de coiffes regroupés en 66 modes principales. Et ce sont dans les régions où les coiffes ont toujours évolué qu'elles ont été portées le plus tardivement.

    Article trouvé sur le site : http://www.micarmor.com/coiffures(10).html?wpid=12575

     

    Les noms donnés aux coiffes et costumes sont souvent des surnoms donnés par moquerie par les voisins, puis adoptés et même revendiqués et qui sont parfois devenus ensuite le nom du pays qui les portait. En voici quelques-uns que vous trouverez souvent plus loin dans les galeries de photos Dans l'est du Goëlo : le bonnet ruché

    Pour le Trégor : la toukenn (de touque : dame-Jeanne), la katiolle ou la cornette (la cornette est portée dans plusieurs régions, de même que le capot),

    Pour le Léon : la Poch Plad ( poche plate ) ou queue de homard ou queue de langouste dans l'est, une coiffe portée vers Morlaix est la sparl, sparlen surnommée Numéro huit et tintaman; et celle de Landerneau s'appelle la Marmotte. Celle du pays Pagan est dite kernapa. Vers Plouescat et St Pol, on porte la chikolodenn.Le pays de Landivisiau porte la mode julod, par exemple le justinoc'h veste des hommes.

    Sur l'île de Batz : la chibilinenn et pour l'été le togheol ( sur l'île de Sein, la coiffe est dite chipilienne )

    A Brest on trouve la genoss (je n'ose ?), la marmotte ou hors les murs

    Dans le Bas-Léon (Saint Renan) on parle de penn paket, choukenn et krakik. Dans la région de Carhaix, les femmes portent la mode penn calvez ou corleden, les hommes la mode fisel. La coiffe très simple est la koef plad ( coiffe plate ).

    Vers Gouarec, le type de coiffure ( chignon bas dans une résille) est appelée coiffure fanch.

    Dans la région de Chateauneuf du Faou, la coiffe à brides aérienne est nommée : Dardoupezenn

    A Quimper, les femmes sont appelées borledenn du nom de leur coiffe en fil brodé borleden ( bord large), mais elles ont ensuite porté la coiffe pichou, pitchourell ( aussi nommée bijou vers Plomelin ), coiffe à huppe, à capuchon. Leur costume est brodé de fil de soie aux couleurs glazik, composé d'un gilet et d'un chupen.

    Au Faou, elle est nommée Kernevodez, en tulle blanc à trous carrés.

    Dans la région de Lorient : le capot noir ou gris (blanc à petits points noirs ) et l'aéroplane.

    La Locht-Raïenn queue de raie, nom donné à la coiffe de la région de Baud, puis aux femmes qui la portent. Dans cette région elles portent aussi la kornek, coiffe de cérémonie dont les cotés tombent commes des ailes et se compose d'un fond de tulle et des broderies en Point d'Irlande.

    La région de Pontivy est appelé la région des moutons blancs à cause de la couleur du costume masculin en laine. Les hommes portent un bragou berr et des guêtres de lin. La coiffe est surnommée skouarn pémoch, oreille de cochon !

    Dans le pays Pourlet ( autour de Guéméné sur Scorff ), la kariguel ( brouette), le costume masculin est le mille boutons.

    Le pays bigouden tient son nom du mot qui désignait la pointe surmontant les anciennes coiffes. Réalisées sur un support en mousseline ou en tulle à leur début, les coiffes sont désormais en organdi. La mitre a nécessité la mise au point d'une technique d'amidonnage et de repassage. Les gilets sont brodés avec les motifs de chaines de vie, soleil, plumes de paon, cornes de béliers, arêtes de poisson. Les femmes portent des broches et des épingles de pardon. Celle de Pouldreuzic est surnommée pikè ( qu'elle est pointue!) Au sein du pays bigouden, la région de Kérity Penmarc'h porte la coiffe poch flask ( poche molle) encore appelée poch dour ( poche d'eau ), c'est une coiffe d'artisane faite en filet.

    A Douarnenez, la coiffe puis le pays s'appelle penn sardin. (elle est aussi portée sur la presqu'île de Crozon), c'est un simple bonnet de tulle, recouvrant trois bonnets de coton noir. A Concarneau les femmmes portent un grand châle et la coiffe pen sardin.

    Vers le Cap Sizun, la coiffe est nommée la kapenn (du Cap, capenn )

    Toute la région de Fouesnant, Rosporden, Pont-Aven porte la Giz Foën ( giz fouen : Guise ou mode de Fouesnant). Si le pays de cette guise , le pays de l'Aven est vaste, il existe de nombreuses variantes de cette coiffe à rubans et aussi des collerettes. Le costume féminin est brodé de perles colorées.Les hommes portent le chupenn et le bragou bras.

    Le pays de Châteaulin est appelé pays Rouzig du fait de la couleur rousse de la laine du costume, comme le pays de Quimper est appelée glazig du fait de la couleur bleue du tissu du costume masculin. Dans la région de Quimperlé, la couleur noir du costume d'homme donne son nom au pays Bro Duig, et le pays melenig ( les petits jaunes) est le coin d'Elliant où les broderies des costumes d'homme sont jaunes.

    Article trouvé sur le site : http://site.voila.fr/bretonnes/page1_coiffe.htm

     


    Paimpolaises en coiffe pour l'élection de la reine de Paimpol en 1927
    Le costume de fête des petites filles était agrémenté d'une coiffe et d'une collerette de dentelle finement crochetée et brodée à la main
    Les femmes portaient la coiffe à Paimpol, en forme de cornette majestueusement ailée ou repliée vers l'arrière ou celle du Trégor, plus simple, à deux pans retombant en pointe
    Les costumes du Pays du Goélo ont inspiré de nombreux photographes et ont fait l'objet denombreuses publications
    Théodore Botrel faisait illustrer ses chansons, poèmes et romans par Emile Hamonic, peintre et photographe, éditeur d'ouvrages sur Paimpol et toute la Bretagne

    HISTOIRE DES COIFFES
    Cayons, barbichets ou penn'sardin, des coiffes aux mille noms dressaient sur la tête de nos ancêtres, de fragiles édifices de tissus légers et raffinés : tulle, mousseline et dentelle étaient à l'honneur
    Les coiffes multiples, qui ont pratiquement disparu aujourd'hui, ont très largement évolué et fournissent quantités d'informations sur nos ancêtres.
    C'est au XIXème siècle que se développe l'intérêt pour le costume ancien et pour sa collecte
    Nous sommes entrés dans l'ethno-histoire des coiffes. Une histoire conséquente puisqu' aujourd'hui 3000 variétés différentes au moins sont recensées
    Depuis le XIVème siècle, les coiffes paysannes se présentent comme un morceau de linge soit noué sur le devant, soit pendant sur les épaules
    Les hautes coiffes normandes pourraient dériver du hennin médiéval
    Mais il y aurait plutôt similitude de formes, car trop de siècles les séparent les uns des autres
    En revanche au XIVème siècle, la similarité du chapeau que porte la " Rustique de Bresse" avec le traditionnel brelot bressan, laisse perplexe.
    De même, la coiffe appelée " frontière" en Savoie, avec sa corne qui avance sur le front, n'est pas sans rappeler la coiffe de Catherine de Médicis
    Les innombrables coiffes sont, en fait, le résultat de l'invention des femmes elles-mêmes , se surpassant dans les travaux de montage, assemblage et ornementation
    Jusqu'au XVIIIème sècle, les femmes des classes supérieures ont porté des coiffes qui évoluaient avec la mode, en fins tissus, ornées de flots de dentelles et de rubans
    C'est après la Révolution, avec la fin des lois somptuaires, que les coiffes vont s'épanouir et se diversifier dans le monde rural, alors qu'elles disparaissent de la garde-robe des femmes élégantes.Une plus grande richesse des campagnes, l'affirmation d'une identité des bourgs et des villages vont permettre la multiplication des coiffes et des bonnets ornés
    Les coiffes se sont portées jusqu'au début du XXème siècle, puis se sont trouvées en concurrence avec la mode des villes qui laissait les cheveux libres ou proposait le port du chapeau
    Elles disparaissent plus ou moins rapidement selon les régions. Dans le Centre, elles sont encore très présentes en 1900, mais en 1920, elles ne sont plus portées que par les vieilles femmes
    Au moment de la Seconde Guerre Mondiale, en Bretagne, toutes les Lorientaises portent encore leur petite coiffe plate.
    La coiffe est l'élément le plus individualisé du costume, variant de village en villageet parfois même de hameau en hameau.
    Aujourd'hui les quelques "pains de sucre " bigoudens encore portés font le bonheur des médias.
    Les dernières coiffes portées, l'ont été par des femmes de milieux modestes
    Les lingères et repasseuses de fin, les dentellières et brodeuses ont disparu
    Seuls quelques groupes folkloriques s'attachent à la préservation de ce savoir-faire
    En même temps qu'elle est création individuelle, la coiffe est un signe d'appartenance
    Elle donne l'origine géographique, le milIeu social.
    Elle témoigne aussi du genre de vie : maîtresse de ferme, servante, artisane ou femme de pêcheur


    COIFFES REGIONALES
    ne manquez pas de visiter le site des coiffes bretonnes
    cliquer sur coiffes bretonnes

    BREHAT
    le costume typique avec le grand châle et la coiffure nommée " capot bréhatin" pouvait être blanc ou noir, longtemps porté, il a complètement disparu

    Coiffe d'Aven

    Coiffe du Pays Glazik

    Bigoudens

    Chapeau breton


    Coiffe de tous les jours

    et coiffe des jours de fête
    Guingamp

    LA FABRICATION DES COIFFES


    La coiffe est l' élément le plus individualisé du costume régional d'autrefois, différente de village à village, de hameau en hameau
    Leur fabrication pouvait varier considérablement d'un modèle à l'autre
    On a répertorié 3000 coiffes différentes en France

    L' essor des classes aisées se diversifient beaucoup jusqu'à la fin du 18ème siècle, celles des classes les plus défavorisées changent peu
    Au 19ème siècle, les coiffes disparaissent dans les huates classes, remplacées par le chapeau et par l'intérêt porté à la coifure
    Par contre elles se mulitplient et se différencient tout le costume chez les paysannes et les artisanes
    La coiffe sera l'élément du costume régional qui subsistera le plus longtemps, même que quand les autres vêtements sont déjà abandonnés
    Même si la robe de mariage devient urbaine, la coiffe reste régionale

     

     

     

     

    Selon les régions, la fabrication des coiffes relève d'une confection domestique ou artisanale

    Leur grande diversité s'accompagne d'une morphologie qui peut varier considérablement

    Mais on peut noter les constantes suivantes :

    La pièce la plus développée est souvent le fond
    Au fond est rattachée la passe qui couvre le dessus de la tête
    Un bavolet descendant vers le cou peut allonger la coiffe sur l'arrière
    Les barbes ou brides se noent souvent sous le menton
    Le devant de la passe est orné de volants, de ruchés ou de dentelles

     

     

     

     

    Les formes vont des simples bonnets, comme la "broyaude" , à des coiffes plus élaborées comme la "frontière", héritée de Catherine de Médicis, qui avance en triangle sur le front
    Cette coiffe est celel de la vallée de la Tarentaise au coeur des Alpes
    Le "capuelt" des Pyrénées se présente comme une simple pièce de drap pouvant être repliée pour faciliter le portage sur la tête
    Une autre coiffe complexe est celle de Saint Briac en Ille et Villaine , le "petit coq", qui rappelle pâr sa forme la crête d ' un coq et dont la toile présente un très fin plissé à l'ongle
    Le simple mouchoir noué, " en cravatte " ou " en marmotte" en Limousin marquait les jours de labeur
    Selon les régions les différences des coiffes des jours de fête et du quotidien sont plus ou moins marquées

     

     

     

     

     

     

    La Kichenote est une coiffe de travail en région Champagne pour les vendanges par exemple

    A Oléron elle est de fabrication domestique, réalisée par les femmes qui utilisaient un patron qu'elles se passaient de génération en génération et ce façonnage repésentait une demi journée de travail

     

     

     

     


    LES COIFFES ET LES COSTUMES DE DEUIL

     

     

     

     

     

    Les couleurs du deuil sont affaire de convention

    Sous l' Ancien Régime, le Roi ne porte pas le deuil en nor, mais en rouge ou en violet
    La Reine le porte en blanc lors d' un veuvage
    C'est Anne de Bretagne qui substitue le noir au blanc dans le deuil de son premier mari Charles VIII
    Dès lors le noir devient petit à petit la couleur du deuil pour toute la population
    Chez les paysans, faute de richesse, pour changer de garde-robe, c'est souvent la façon de porter la coiffe qui indique le veuvage

    En Loire Atalantique, le paludier de Guérande porte un chapeau à pic dont l'orientation a le même usage : pic vers l'avant pour le veuf

    Le "deuil chic "au XIXème siècle
    Dans l'aristocratie et la bourgeoisie, le deuil se lit très tôt à travers les couleurs des vêtements
    Il se divise en grand deuil, petit deuil ou demi deuil
    Pour les père, mère, grand-père, grand-mère, mari et femme : c'est le grand deuil, divisé lui-même en trois périodes variables selon le défunt, puis le demi deuil
    Pou un oncle, un cousin : c'est le demi deuil

    En 1899, la baronne Satff rappelle que le deuil des veuves le plus long comporte deux ans de grand deuil divisé en trois périodes
    - 1ère année, très austère avec robe de laine unie, chapeau à voile tombant, châle en pointe, bas noirs, gants de suède , pas de diamants
    - six mois de voiles et de lainages plus légers avec gants de soie et bijoux de jais possibles
    - six autres mois avec port de dentelles autorisé mais noires et des étoffes noires et blanches ou grises
    Dans l'année qui suit, les couleurs changent vers le violet, prune ou lilas

    L'homme portera le deuil de sa femme pendant six mois

    De décès en décès, on finissait par ne plus quitter le noir!!!!

    Rappelons que les Romains portaient le deuil en blanc, les Turcs en bleu ou en violet, et les Japonnais le blanc car le noir est la couleur de la joie

    Quant aux Bretonnes de Pont l' Abbé, elles portaient une petite coiffe de deuil de couleur ocre

    3 commentaires
  • Certains d'entre vous doivent connaitre, mais je mets l'information, au cas où.

    WIKIPEDIA est une véritable encyclopédie où l'on peut trouver presque tout ce que l'on recherche comme information :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil

     

     

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    Hélène, croix de lune

    Quelques petits instants brodés à vous faire partager, en toute simplicité...

    http://croixdelune.blogspot.com/



    Le fil d'Ariane



    Je vous l'avais promis : le voici, mon petit feuilleton littéraire de la rentrée. Sans prétention aucune et avec sûrement quelques fautes ou maladresses par ci par là... C'est un article de VéroM qui m'en a donné l'idée. Depuis toujours, j'aime écrire et adolescente, je rêvais d'être écrivain (comme beaucoup de jeunes filles, il me semble). Grâce à Internet, je réalise un peu mon rêve... en espérant ne pas trop vous ennuyer. Il y aura une publication chaque jour vers 19h durant une semaine. Après cela, retour à mon article hebdomadaire, le jeudi.
    Bonne lecture !



    CHAPITRE I

    Quelle idée j’avais eu de racheter une vieille mercerie délabrée ! Pourtant, je ne regrettais pas ce choix. Toute ma vie, j'avais agi sur des coups de tête et cela m'avait souvent réussi. Je venais de terminer un contrat dans une agence de voyage parisienne qui m'avait écœuré de mon métier. A trop louer les merveilles des horizons lointains, j'avais perdu le goût des voyages. Maladie professionnelle, en quelque sorte.

    Grâce à l'héritage que mes parents m'avaient légué, je possédais assez d'argent pour acheter la maison de mes rêves. Située dans la partie haute d'une ancienne cité médiévale, elle sommeillait derrière ses persiennes closes. Elle avait sans doute connu des heures plus riantes, scandées par la clochette de la boutique qui occupait le rez-de-chaussée. Les anciens meubles de mercerie renfermaient encore quelques dentelles et sur les présentoirs, des écheveaux aux couleurs défraîchies se mêlaient aux toiles d'araignées. La partie habitation qui était à l'étage avait été rénovée. Je pourrais m'y installer dès mon arrivée, ce qui n'était pas négligeable. Je m'imaginais déjà paressant sur le balcon qui donnait sur une cour intérieure accessible par un escalier tournant en fonte. Toutes les pièces dégageaient un parfum suranné qui me ravissait. Mes meubles, un peu à l'étroit dans le ridicule appartement que j'habitais depuis mon divorce, allaient pouvoir enfin respirer. Et moi sans doute également.

    Je ne craignais pas la solitude dans une ville où personne ne me connaissait vraiment. J'y avais vécu jusqu'à l'âge de 5 ans et à part une ou deux camarades de maternelle à qui j'avais sûrement tiré les couettes, très peu devaient se souvenir de la petite Béatrice. J'avais maintenant 45 ans. J'avais été mariée et heureuse mais Charles voulait des enfants et je ne pouvais en avoir. Cela avait tout gâché entre nous. Notre séparation était devenue une évidence. Charles avait rencontré Agnès et connu la joie d'être papa. J'avais quant à moi beaucoup de mal à envisager une autre vie de couple. Aucune histoire sentimentale digne de ce nom ne me retenait à Paris.

    J'avais appris à broder avec ma grand-mère et ma mère. Souvent l'été, à l'ombre du tilleul odorant, je tirais l'aiguille… et un peu la langue tant il était compliqué de compter les points. La toile de lin grossière râpait les doigts. Les aiguillées ne pensaient qu'à s'échapper du chas de l'aiguille et pourtant, j'étais fascinée par le motif qui naissait peu à peu sur l'ouvrage, tantôt hirondelle, tantôt fleurs en bouquet… Les modèles à broder ont changé depuis (Dieu merci), l'émerveillement est resté le même. De là à acheter une mercerie…

    Charles n'arrêtait pas de me dire qu'il s'agissait d'une folie. Certes, j'avais le sens du commerce mais beaucoup de nouvelles brodeuses commençaient déjà à se lasser des petites croix et à se tourner vers d'autres loisirs créatifs qui seraient tout aussi rapidement délaissés. Tout allait vite maintenant. Trop vite. Il fallait sans arrêt inventer du nouveau, de l'inédit…

    • Je sais bien que tu enseignes la sociologie à l'université mais ne me dis pas que tu étudies le comportement des brodeuses ?

    • Non, bien sûr… Mais pour une fois, essaie d'être prudente…

    • Ecoute, si vraiment cela ne marche pas, je revends la boutique. Pendant des années, je n'ai pensé qu'à faire du rendement pour les boîtes dans lesquelles je bossais. Je n'ai plus envie de vivre sous pression. Et qui vivra verra.

    • Je te souhaite bonne chance alors… Agnès me dit de t'inviter ce soir à dîner. On pourra reparler de tout ça calmement. Il ne reste plus tellement de jours avant ton déménagement.



    CHAPITRE II

    Déjà un mois que j'avais emménagé dans ma nouvelle maison et il était temps d'ouvrir ma petite mercerie. Les meubles avaient été cirés, les boiseries de la devanture rafraîchies d'une peinture cérusée bleue outremer. Dans la première vitrine, j'avais accroché sur un fil à linge, ma collection de vieux marquoirs. Dans la seconde, un petit buffet bas aux portes grandes ouvertes, donnait une idée de ce que l'on pouvait trouver dans le magasin : coupons de lin, cotonnades fleuris, ciseaux dorés, tambours en bois tendre, palettes dégradées de fils... Ce meuble offrait aussi l'avantage de m'isoler un peu de la rue piétonnière. Je détestais être en vitrine, surtout lorsque je brodais en attendant les clientes !

    Elles ne semblaient d'ailleurs guère pressées de venir. Il faut dire qu’on était au début des vacances d’été et que je n'avais pas fait de publicité pour attirer les foules. J'avais envie de laisser les brodeuses venir à ma rencontre, spontanément. Même si cela devait prendre du temps. De toute manière, je n'étais pas encore très opérationnelle. Il me manquait des références DMC suite à une erreur de livraison et j'attendais encore quelques nouveautés américaines. Je m'étais aussi rendu compte que le panier de modèles pour bébé (que je m'amusais à surnommer panier à layette) n'était pas très rempli. J'avais du mal à me passionner pour les nounours roses, les chaussons bleus (peut-être parce que je ne mettrai jamais au monde un enfant). Sachant que beaucoup de femmes découvraient le plaisir de la broderie lors de leur première grossesse, je me devais de trouver de nouvelles grilles dans mes catalogues ou sur internet. Je constatais avec bonheur qu'il y avait quand même de jolies choses chez certaines créatrices.

    Un matin, alors que je ne m'y attendais pas, une première visiteuse me fit l'honneur d'explorer ma boutique. Elle adorait le tourniquet à fils mais ce n'était pas spécialement pour rechercher une nuance particulière. Grise, élégante et avec des griffes pointues comme des aiguilles à coudre, ma première cliente n'était autre que la chatte du voisinage ! J'hésitais à la surnommer Filou ou Philo… A la fois ange et démon, elle passait chaque jour par la cour intérieure, juste après le départ de ses maîtres. J'étais heureuse : ma mercerie avait désormais trouvé son âme ronronnante et je me sentais moins seule.

    Mes journées commençaient tout de même à s'animer. Après le passage du facteur, qui transportait dans sa sacoche autant de lettres que de potins sur la vie du quartier, arrivaient les premières clientes : touristes en panne de DMC 315, vacancières à la recherche d’occupation, brodeuses occasionnelles ou compulsives. Le bouche à oreille semblait fonctionner. Ma clientèle s'étoffait chaque jour, certains visages me devenaient familiers. Comme celui d'Anne-Sophie.





    CHAPITRE III

    Anne-Sophie venait au moins deux fois par semaine. J'avais tout de suite été frappée par notre ressemblance. Elle aussi, je crois ! Petites toutes les deux, nous portions des vêtements assez similaires et nos cheveux fins coiffés à la Colette, nous donnaient un air de famille. J'avais donc rendez-vous avec ma sœur jumelle en venant m'installer ici… Elle était cependant plus fluette, et bien plus discrète. Sa réserve me changeait des fanfaronnades hystériques de certaines brodeuses.

    - Quoi ? Le dernier modèle du Passé Composé n'est pas encore disponible ? Il me le faut absolument. Si j'avais su, je l'aurais acheté au dernier salon Creativa. Dire que j'ai perdu le numéro de portable de Marjorie Massey. C'est la créatrice de Passé Composé. Je suppose que vous l'ignorez…

    Heureusement Anne-Sophie était là pour me sauver.

    - Madame, si vous voulez, j'ai cette grille dans mon sac. J'en avais besoin pour choisir la toile de lin et les fils mais on peut vous la photocopier et….

    - Comment ? Mais c'est interdit, voyons !

    - Vous ne m'avez pas laissé finir ma phrase. On vous fait une photocopie en attendant que vous achetiez la grille dans quelques jours. C'est juste pour vous permettre de commencer cette broderie tout de suite. Qu'en pensez-vous Béatrice ?

    Je pensais qu'Anne-Sophie était un ange tombé du ciel. Elle était allée jusqu'à choisir des fils de soie avec cette dame survoltée sans jamais perdre ni son calme ni son sourire. J'étais impressionnée.

    - Je vous remercie. Sans vous, je crois que j'aurais été désagréable et que j'aurais perdu une cliente. J'aimerais avoir votre patience. Je me demande comment vous faites pour être aussi zen…

    - … Je suis professeur de yoga !

    Voilà comment, je me retrouvais en caleçon noir dans une odeur d'encens indien, allongée sur un tapis de mousse vert pomme. En début de séance, il fallait rester sur le dos dans la position du cadavre et respirer en s'étirant. Cela permettait de défaire tout doucement les nœuds. En tant que mercière, les nœuds, cela me connaissait. Voilà que je recommençais à penser à ma boutique au lieu de lâcher prise, comme nous l'invitait Anne-Sophie d'une voix apaisante… Après un certain nombre de postures aux noms d'animaux (poisson, cobra, chat, crocodile), je me sentais merveilleusement détendue à la fin de l'heure.

    Cela n'avait hélas guère duré. Dans le vestiaire mixte, mes tensions étaient déjà de retour ! Devant ma jumelle souple et gracile, je me sentais un peu boudinée dans mon collant trop moulant. J'avais pris un peu de poids depuis mes quarante ans. Habituellement, je n'y prêtais pas trop attention (après tout, Marilyn aussi avait des formes généreuses) mais cela me dérangeait de me rhabiller devant un groupe qui comprenait quelques hommes. Les autres avaient l'air de le faire de manière tout à fait naturelle : étais-je en train de devenir une vieille fille pudique qui voit le mal partout ? La semaine prochaine, tant pis, je viendrais déjà en tenue et repartirais sans me changer. Quant au régime, ce n'était pas la peine d'y penser. Je préférais m'acheter un pantalon plus fluide. Et puis, je n'étais quand même pas obèse ! C'était Anne-Sophie qui était trop maigre, trop calme. Trop parfaite ?

    Il existe toujours des petites jalousies entre femmes et surtout entre copines, je le savais bien. Par manque de confiance en moi, j'avais toujours eu tendance à me dénigrer et à envier le sort des autres. Ou à trop les critiquer. Il fallait que je me surveille sans cela ma mercerie allait vite devenir un endroit irrespirable. Anne-Sophie heureusement savait être à l'écoute et ne parlait jamais trop d'elle. Elle savait réveiller mon enthousiasme et me donnait des tas de conseils comme choisir un éclairage adéquat, un agencement harmonieux selon les principes du yin et du yang. Je me sentais stimulée, épanouie dans ce nouvel environnement. Pour la première fois de ma vie, j'avais l'impression d'avoir trouvé la paix intérieure. Les clientes les plus névrosées ne me faisaient plus peur !

    De toute manière, la plupart des brodeuses étaient plutôt équilibrées. Souvent joyeuses comme des enfants ou bourdonnantes comme des abeilles, elles pouvaient faire preuve de retenue ou de concentration lorsqu’il s’agissait de parcourir les paniers à la recherche du modèle ou de calculer le métrage de lin à acheter en fonction du nombre de points du modèle.

    - Une toile 28 count, ça fait combien de fils au cm ? Et une 16 fils, n’est-ce pas trop fin pour un si grand modèle ?

    J’étais là pour les guider, les encourager à changer leurs habitudes. Des mamies rentraient dans le magasin à la recherche d’un napperon à broder à offrir à leur petite fille. Elles repartaient avec un petit kit tout mignon qui contenait des fils nuancés tendres comme des friandises. Je pouvais lire de la reconnaissance dans le regard des fillettes qui étaient passées à deux doigts de l’horrible napperon imprimé sur toile ! Il ne fallait tout de même pas tomber dans la caricature. Les mamies d’aujourd’hui étaient à des années lumière des grand-mères d’autrefois. Elles vivaient avec leur temps, surfaient sur internet, portaient des jeans… Rien à voir avec les mémés-bigoudis qui cherchaient leur pain en tablier de cuisine ! Toutes les générations finissaient un peu par se ressembler. Cela me frappait chaque jour un peu plus dans ma petite mercerie.



    CHAPITRE IV

    L’heure de la rentrée des classes avait sonné et le matin, paressant au fond de mon lit, j’entendais les rires joyeux des enfants sur le chemin de l’école. Quelques pleurs aussi parfois. A quatre heures, le cortège repassait dans l’autre sens. Sacs à dos ou cartables à roulettes envahissaient l’espace de la rue piétonnière. Certaines mamans faisaient souvent une petite course dans ma mercerie tout en guettant l’ouverture de la grille de l’école. C’était un moment de détente bien à elles avant le temps des devoirs, du bain et du repas du soir. Souvent, elles me parlaient de leur vie ne sachant pas que la mienne était bien différente…

    Jeanne, une maîtresse que je connaissais, avait eu l’idée d’initier sa classe au point de croix. Il en faudrait de la patience, à mon avis… mais les enseignantes devaient forcément en avoir. Elle n’avait pas acheté le matériel en gros (sauf les aiguilles) car elle désirait que les enfants choisissent eux-mêmes la couleur de la toile et du fil... si possible dans une vraie mercerie. Cela faisait partie de l’apprentissage. Une idée d’enseignante, disaient les mamans que les travaux de couture répugnaient. Elles se retrouvaient parfois en petits groupes et s’en donnaient à cœur joie.

    - De la broderie à l’école ! Pourquoi pas du raccommodage… On se croirait revenu au 19e siècle.

    - Et mêmes les garçons vont en faire. Je me demande si on ne devrait pas se plaindre chez la directrice.

    Je respirais bien fort et me contentais de sourire intérieurement. Et puis, l’admiration des enfants me récompensait parfois et m’aidait à rester aimable.

    - Regarde maman, c’est drôlement joli ce qu’elle brode la dame ! Et là, le tableau accroché au mur, c’est vous qui l’avez fait avec votre aiguille ?

    Beaucoup d’enfants n’avaient jamais rien fabriqué de leurs dix doigts, ou si peu. Quelques petits bricolages à l’école maternelle, probablement. Leurs parents leur avaient toujours acheté vêtements et jouets et ils avaient l’habitude d’obtenir tout sans effort. J’espère que le projet de Jeanne n’allait pas être trop ambitieux. Ce serait dommage de dégoûter ces enfants qui, peut-être, inventeraient une nouvelle société moins passive, moins consommatrice. On pouvait toujours rêver…

    Rien n’était plus important que l’organisation. Afin d’échapper le plus possible aux moqueries des mères qui devaient me prendre pour une antiquité, j’avais placé à l’entrée du magasin, un panier avec des écheveaux de fils et des carrés de toile Aïda déjà coupés. Les enfants pouvaient facilement choisir entre les rouges 304 ou 815 sans faire tomber le tourniquet DMC, et les mamans repartaient rapidement, satisfaites d’avoir trouvé le matériel adéquat. Quelques miettes traînaient bien un peu au fond de la corbeille, abandonnés par les petits affamés grignotant leur pain au chocolat comme des écureuils espiègles. Tant qu’ils ne s’étaient pas essuyés les doigts sur mes fils de soie ou mes grands coupons de lin, j’avais échappé au pire…

    D’après ce que Jeanne m’avait confié, chaque enfant allait broder l’initiale de son prénom, soit en rouge soit en bleu, en suivant un modèle Sajou de son choix. Ensuite, les lettres seraient accrochées dans la salle de classe de manière à former des mots… L’enfant se souviendrait plus tard que durant cette année scolaire, son initiale mariée à celles de quelques camarades avait formé le mot Amitié. Je trouvais cette idée très intéressante mais je me demandais toutefois si toutes les lettres allaient pouvoir être casées. Apparemment, Jeanne avait de la chance : aucune petite fille ne s’appelait Zoé, et il y avait assez de prénoms commençant par des voyelles.

    Stimulée par cette ambiance studieuse, je rêvais moi aussi de projets de rentrée. Dominique, la responsable du club de point de croix local, m’avait contacté pour me demander s’il était possible de lui réserver un espace d’exposition dans ma mercerie. J’avais dans un premier temps accepté de la rencontrer.





    CHAPITRE V

    Non sans une certaine appréhension, j’attendais Dominique dans le salon de thé où elle m’avait fixé rendez-vous. Et si son association n’était fréquentée que par des dames patronnesses des temps modernes brodant pour le Téléthon ou autre manifestation caritative ? Je ne critiquais pas les brodeuses qui le faisaient, bien au contraire. Moi, je ne savais pas être généreuse et j’avais peur de ne pas être à l’aise dans un club de ce type.

    Dominique qui s’excusait d’être un peu en retard, n’avait rien d’une dame patronnesse. Habillée tout en noir, avec un rouge à lèvres carmin, elle me faisait un peu penser à Agnès B. Elle avait été encadreuse à Toulouse avant de s’installer ici. Elle m’expliquait qu’il y a quelques années, les productions de l’association « Entre amies » m’auraient sans doute amusée : coussins à froufrou, canevas champêtres, housses en forme de chapeau pour cacher le papier-toilette à l’arrière de la voiture.

    - Si, si Béatrice, je t’assure ! C'était à la fin des années soixante dix. La plupart des membres du club cherchaient surtout à passer le temps, et puis à l'époque, on trouvait ça chouette... Peu à peu, le domaine des loisirs créatifs a évolué et l'association s'est tournée vers d'autres créations. L’année dernière, on a essentiellement réalisé des accessoires de brodeuse.

    - Tu sais, je ne me moque pas de ces productions un peu démodées. Un jour, peut-être, on trouvera ridicules nos collections de pinkeeps ou nos abécédaires à la mode d'autrefois... Dis-moi, vous êtes combien dans votre club ?

    - Une petite vingtaine. Beaucoup de retraitées ou de mères au foyer. Quelques chômeuses. On se réunit le lundi après-midi et parfois pendant les vacances. J’aimerais bien organiser des soirées-conférences, je ne sais pas… J’ai des idées mais, c’est encore un peu flou.

    Moi aussi j’avais déjà pensé à l’organisation de rencontres autour de la broderie. Se réunir pour broder c’était bien mais il y avait peut-être d’autres pistes à explorer. Certaines brodeuses dont je faisais partie, étaient incapables de compter leurs points en papotant mais adoraient échanger des idées avec d’autres brodeuses. Il fallait proposer quelque chose de différent.

    Il existait des cybercafés, des cafés-philos, alors pourquoi pas des merceries-cafés ? Une fois par mois, le lundi après-midi, j’installais des tables et des chaises disparates dans ma mercerie et je tirais les rideaux. La boutique était fermée et seules les inscrites avaient le droit d’entrer. Dominique préparait le thé, le café. Je découpais les pâtisseries que l’une ou l’autre des membres du club « Entre amies » avaient préparées : cake au citron, tarte tatin, gâteau au chocolat... La conférence pouvait alors commencer. Elle ne durait jamais plus d’une demi-heure afin de ne pas lasser l’auditoire et d’offrir un temps de discussion suffisamment important après l’exposé.

    Le premier invité était l’impressionnant docteur Duthoit, un ostéopathe qu’Anne-Sophie connaissait. Beaucoup de brodeuses se plaignaient de tendinites ou autres douleurs articulaires et docteur Duthoit nous indiquait comment éviter les tensions ou soulager les douleurs installées. Cette première conférence médicale avait été un succès. C’était un plaisir de voir toutes ces femmes faire des exercices pour assouplir les poignets ou détendre les épaules et la nuque.

    - Chouette, on va pouvoir broder encore plus longtemps grâce à vous docteur !

    - Attention mesdames, de la modération avant toute chose ! Faites des pauses et alterner les activités au cours de la journée.

    J’espérais que le cycle de conférence allait se poursuivre dans la même bonne humeur tout au long de l’année.





    CHAPITRE VI



    Ma vie continuait à s’égrainer au rythme de ma boutique. Paradoxalement, tenir une mercerie n’offrait pas assez de temps dans la journée pour tirer l’aiguille. Je connaissais la frustration de vivre au milieu des fils et des toiles sans pouvoir vraiment me consacrer à l’ouvrage en cours posé sur mon bureau. Une aiguillée par ci, une aiguillée par là, c’était tout ce que j’arrivais à faire, et avec bien des erreurs.

    Heureusement, je me rattrapais le soir. A peine la mercerie fermée, je montais prendre ma douche, me préparais un petit repas et m’installais dans mon fauteuil préféré. Je sortais peu le soir, si ce n’est pour aller à mon cours de yoga. Je refusais les invitations avec politesse. Je voyais du monde toute la journée au magasin et j’avais besoin de calme pour me reposer. Je brodais parfois jusqu’à 23h en écoutant de la musique puis j’allais me coucher avec un bon bouquin. Une vie de nonne !

    Un homme cependant avait fait irruption dans mon monde. Un inconnu que je n’avais pas invité. Sa présence commençait presque à m’inquiéter. Tous les soirs, peu après 18h, il se postait devant la même vitrine et observait immobile ma collection de marquoirs anciens. Pour être plus précise, il fixait un marquoir en particulier, celui d’ Ariane Buisset. Je sentais sa présence hiératique derrière la vitre et les minutes qu’il passait là me semblaient interminables. Il s’en allait sans même me jeter un regard. J’avais quand même peur d’avoir affaire à un détraqué et j’étais bien contente de pouvoir monter directement dans mes appartements après la fermeture.

    Dans la journée, il m’arrivait de décrocher le marquoir d’Ariane pour essayer d’en percer le mystère. L’ouvrage qui avait été brodé au couvent du Saint-Sacrement à Nîmes en 1878, était le plus coloré de mes marquoirs. Ce n’était pas un simple abécédaire rouge sur canevas ; il avait eu l’honneur de la soie. Il présentait un autel un peu néo-classique, des symboles chrétiens, deux alphabets majuscules, une série de chiffres, le tout entouré d’une frise fleurie. Je n’aurais peut-être pas du l’exposer à la lumière du soleil, lui si fragile et délicat. Il était maintenant trop tard. Je n’allais pas risquer de faire rentrer l’inconnu dans ma mercerie en enlevant le marquoir de la vitrine. Quoique…

    J’avais prévenu Dominique et elle m’avait rassurée.

    - Il y a sans doute une explication rationnelle derrière tout ça, Béa ! Mais tu as raison d’être prudente, on ne sait jamais.

    A 18h, je sortais dans la rue faisant semblant de nettoyer ma porte. Je préférais que l’inconnu m’aborde dehors plutôt que dans ma boutique car il y avait beaucoup de monde à cette heure-ci qui passait à la boulangerie d’à côté. Si je criais, on m’entendrait facilement tandis que dans ma mercerie…

    A 18h 10, il tournait le coin de la rue et se dirigeait vers ma vitrine.





    Voilà ! C'est la fin. J'ai été heureuse de partager cette histoire avec vous... Si vous voulez, je vous en dirai plus dans quelques jours quant à mes sources d'inspiration. Histoire d'assimiler vos impressions. N'hésitez pas à me mettre un commentaire !

    CHAPITRE VII

    L'inconnu avait tout de suite remarqué que le marquoir avait disparu et semblait un peu déçu. En tout cas, il n’avait rien d’effrayant à cette distance là et portait la cinquantaine avec élégance. Il m’avait même adressé un sourire un peu gêné. A croire que ce n’était plus le même homme. Allait-il passer son chemin sans rien me demander ? J’étais à deux doigts de le croire. Il semblait hésiter… Je ne sais pas pourquoi je me suis finalement lancé la première.

    - Je peux peut-être vous renseigner. Vous semblez intéressé par les marquoirs anciens. Je vous ai déjà vu devant ma vitrine plusieurs fois.

    - Effectivement, oui… Enfin non, pas véritablement. C’est assez compliqué comme histoire. Est-ce que je peux rentrer un moment dans votre magasin ? J’ai quelque chose à vous montrer.

    Je n’avais plus peur du tout. J’allais enfin savoir qui était l’inconnu de 18h.

    Il s’appelait Pierre Deschamps et travaillait deux rues plus loin. En passant devant ma mercerie, il avait été frappé par le marquoir d’Ariane Buisset. Sa femme possédait une oeuvre similaire brodée par une ancêtre lointaine qui avait fréquenté le même couvent, Marie-Adèle Francières. Il avait justement la photographie dans son sac si je voulais y jeter un coup d’œil. Cela faisait un moment qu’il l’avait sur lui mais il n’osait franchir le seuil de ma mercerie.

    Effectivement les mêmes motifs figuraient sur les deux broderies mais ce n’était pas rare que des camarades de couvent composent plus ou moins le même marquoir. Marie-Adèle semblait cependant bien plus douée que la petite Ariane. C’était toutefois difficile de se prononcer à partir d’un vieux polaroïd des années 70.

    - C’est très troublant effectivement cette ressemblance mais pas exceptionnel. J’aimerais bien étudier le marquoir en vrai ou en voir une meilleure photographie, si c’est possible.

    Pierre Deschamps s’était pétrifié une seconde et une immense détresse avait envahi son visage. Puis il avait semblé soulagé de se confier.

    - Hélas, ce marquoir n’existe plus. Ma femme l’a détruit, avec d’autres souvenirs de famille, le jour où elle a appris que son cancer était incurable. Elle ne voulait pas que des objets lui survivent. Elle trouvait ça injuste de disparaître alors que ce chiffon avait traversé un siècle sans dommage.

    Et comme je restais sans voix n’ayant jamais su prononcer les mots qui réconfortent, il rajouta le visage bouleversé :

    - Lorsque j’ai vu ce marquoir dans votre vitrine, j’ai tout de suite pensé que ma femme m’envoyait un signe… Elle se prénommait Ariane, comme la petite brodeuse.


    EPILOGUE

    J’avais naturellement offert le marquoir de la jeune Ariane Buisset à Pierre, tout en sachant que cela ne ferait pas revivre l’autre Ariane, celle qui avait compté dans son cœur.

    Les membres du club de point de croix de Dominique avaient décidé de reproduire à l’identique le marquoir de Marie-Adèle, en analysant à la loupe le polaroïd et en s’inspirant des coloris de l’ouvrage d’Ariane, sa camarade de pensionnat. Certaines retranscrivaient les motifs sur papier quadrillé, d’autres brodaient à tour de rôle une lettre ou un symbole.

    En juin, pour la dernière conférence de la saison, j’avais organisé une exposition autour des deux marquoirs. Jeanne la maîtresse d’école, avec l’autorisation des parents et du rectorat, avait accroché les lettres brodées par les enfants sur les murs de ma mercerie. Le mots Paix, Partage, Bonheur, Tendresse dessinaient une frise rouge et bleu qui s’harmonisait merveilleusement bien avec les tons passés des deux broderies.

    Anne-Sophie avait fait des recherches sur le couvent du Saint-Sacrement à Nîmes et livré le résultat de ses investigations dans une petite plaquette. Elle y avait aussi écrit un très beau texte sur la mémoire, le sens caché des choses. Tout, disait-elle, avait une signification. Je finissais par le croire.

    Pierre m’avait demandé en mariage ! Je ne sais pas si sa femme lui avait donné l’autorisation de vivre un nouvel amour à travers ce marquoir qui portait son prénom et l’avait guidé jusqu’à moi. Etait-ce le hasard ou le signe du destin ? Peu importait finalement.

    Publié par Hélène à l'adresse 11:11 AM

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