• Churchill, Baie d'Hudson, terre des ours polaires

    Trois museaux blancs émergent dans la neige. En ce début du mois de mars, trois oursons posent pour la première fois une patte hors de leur tanière, dans l’immensité scintillante de la baie d’Hudson, par –20°. Amaigrie par six mois de jeûne, leur mère ouvre la marche en direction de la banquise. Patauds, joyeux, joueurs comme des chiots, les trois oursons chahutent dans les pattes de leur mère. Durant tout leur périple à travers les courants arctiques glaciaux, leurs grognements et leurs cabrioles gêneront considérablement la chasse. Leur mère devra s’y prendre souvent à plus de dix reprises pour capturer un phoque. Jusqu’à 100 kilomètres peuvent séparer la tanière du bord de mer. Une longue route attend ces jeunes oursons tandis que leur mère est pressée de retrouver son terrain de chasse afin de refaire ses réserves de graisse.


    Dès le mois de septembre, l’ourse s’est mise en quête d’un refuge dissimulé dans la neige, à l’abri des vents dominants. Enfoui au bout d’un tunnel de
    2 à 6 mètres de longueur, l’abri étroit reste tempéré à 0°. Fin décembre, elle a donné naissance à trois minuscules oursons sourds et aveugles pesant à peine 500 grammes. Trois mois durant, elle a puisé dans ses réserves de graisse pour allaiter ses petits. Au sortir de la tanière, les oursons pèsent une trentaine de kilos. Avec 130 kg environ, leur mère a perdu la moitié de son poids. Elle continuera à les allaiter durant plus d’un an, tout en partageant avec eux les produits de la chasse.
    Le phoque est l’alimentation principale de l’ours polaire mais il ne dédaigne pas une carcasse de béluga ou de baleine échouée. Grâce à un odorat particulièrement développé, l’ours est capable de sentir un phoque à deux mètres sous la glace. La chasse favorite de l’ours est de guetter les phoques près des trous de respiration entretenus par ces mammifères marins dans la banquise. Silencieux sur la glace, l’ours bondit pour saisir sa proie lorsque celle-ci vient respirer. Une autre technique consiste à détruire la couche de glace abritant les jeunes phoques qu’il sent à plus d’un kilomètre. Carnassier insatiable, l’ours peut avaler jusqu’à 100 kilos de viande au cours d’un repas.

    Les oursons mettront presque deux ans à apprendre la vie sur la banquise. Leur mère les chassera vers l’âge de vingt mois pour retourner à sa vie solitaire.
    Plus grand carnivore terrestre, le mâle adulte peut atteindre 500 kg pour trois mètres de hauteur. Les ours polaires, dont le nombre était descendu, au milieu du XXème siècle, en dessous des 10 000 individus, est repassé au-dessus des 30 000 au cours des années 90. La seule baie d’Hudson regroupe aujourd’hui plus d’un millier d’ours polaires. Fin septembre les ours de Churchill se regroupent autour de la ville pour attendre que la banquise se forme. Une nouvelle saison de chasse se prépare.
    Mais l’espèce se trouve confrontée à de nouveaux dangers. Placé au sommet de la chaîne alimentaire, l’ours absorbe une nourriture contaminée par l’ensemble de la pollution accumulée dans l’océan arctique. Le réchauffement de la planète, entraînant la diminution de la banquise, constitue un autre danger. Ne pouvant chasser le phoque que sur la glace, l’ours voit ses périodes de chasse se réduire. L’interminable jeûne de la mère ours se trouve ainsi prolongé de plusieurs semaines.
    En ce mois de mars 2000, le spectacle de la maman ours avec ses trois oursons fut le plus exceptionnel jamais vu dans tout l’arctique.

    http://www.gngl.com/fr/pages/journal_adv.php?IdArticle=1113


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